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108 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

»….. D’autres, après avoir fumé et labouré la terre trois fois, tracent des sillons avec la même charrue, placent les Pommes de terre à un pied de distance dans chaque sillon, et les recouvrent avec la terre des côtés. Lorsqu’ils voient que les tiges s’élèvent de six ou sept pouces, ils remplissent le sillon avec la charrue en la faisant avec soin passer à droite et à gauche. Après cinq ou six semaines, ils fendent et amoindrissent le plus possible la terre qui est restée au sommet des sillons pour achever de les remplir[1].

» Comme les Pommes de terre épuisent passablement le sol, il convient de le bien gouverner. Aussi quand l’année suivante on en replante dans le même champ, on doit de nouveau répandre le fumier dans les sillons où l’on veut les planter, autrement toute la force de la plante se dirigerait vers les feuilles, et les racines resteraient alors sèches et petites.

» Les Pommes de terre hâtives se récoltent au commencement de l’Hiver, les tardives en Février. On les conserve soit dans un grenier bien sec, soit dans des pots d’argile. Celles qui sont destinées à la table se maintiennent très bien dans une cave, ou dans un tonneau, en les disposant par couches, savoir une de Pommes de terre, puis une autre de feuilles sèches, et successivement : de cette manière on peut fort bien les garder fraîches jusqu’à la fin de l’Été. D’autres, pour mieux les conserver, les enfouissent sous terre ; mais le plus souvent, il arrive qu’elles se gâtent, surtout dans les temps humides et froids.

»… Il y a peu de temps encore, la culture des Pommes de terre était tout à fait négligée ; elle le serait encore, si, il y a quelques années, le très érudit signor Balio Sagramoso, qui se plaît à activer les progrès de la nation et ceux de l’humanité, n’en avait pas conseillé la plantation… On doit vraiment s’étonner que les Pommes de terre aient tardé si longtemps à trouver quelque crédit auprès des Italiens. »

Baldini cherche alors par des expériences assez singulières à établir la bonne réputation des Pommes de terre. Il en fait cuire, en prépare des extraits qu’il distille, en obtient une liqueur assez acide pour verdir le sirop de violette et produire effervescence dans


  1. — « Zanon, Della coltivazione et dell’uso delle Patate », En Italie, la Pomme de terre s’appelle encore Patata.