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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/123

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SON INTRODUCTION EN EUROPE 109

les solutions alcalines. Il verse ensuite cette liqueur dans du sang humain, provenant de saignées, constate la coagulation du sérum, et d’autres effets suivant la qualité du sang.

« Toutes ces expériences, ajoute-t-il, me parurent les plus propres à découvrir la nature des Pommes de terre et à nous permettre de concevoir ce qu’elles peuvent produire en nous. En m’appuyant sur ces observations, je crois pouvoir en librement déduire que la vertu des Pommes de terre est de celles qui délaient le sang visqueux, et cela avec lenteur, quand il est devenu tel, et qui lui font prendre une forte consistance lorsqu’il est trop liquide. Donc, les Pommes de terre doivent beaucoup contribuer à adoucir nos humeurs et à les rendre meilleures. Par conséquent, elles sont très utiles à ceux qui souffrent de la poitrine ou qui peuvent avoir des suppurations, en raison de leur principe balsamique et fortifiant.

» Étant donné la valeur de ce végétal si communément déprécié, qui ne se fût empressé d’en favoriser la culture, surtout lorsqu’il faut reconnaître que ce n’est qu’avec lui qu’on peut conjurer la disette et fournir alors un aliment aux familles pauvres ? Certaines gens diront peut-être : Les Pommes de terre ne conviennent qu’aux pays où le climat est différent du nôtre ; nous ne sommes pas sûrs qu’elles pourront produire des racines chez nous. Mais c’est une idée fausse, puisqu’en plusieurs parties de l’Italie où l’on en a planté, elles ont merveilleusement germé.

»… D’un autre côté, l’erreur populaire que les Pommes de terre engendrent des flegmes, est née de la mauvaise habitude que nous avons, les uns vis-à-vis des autres, de décrier tout ce qui n’a pas été consacré par la coutume. Et en attendant, les bonnes choses continuent à être discréditées.

»… Monseigneur Bâcher, évêque de la Marche d’Ancône, a fait une découverte qui devient fort importante, et qui pourrait le devenir infiniment plus, si la répétition de son expérience venait à en prouver la constance. En effet, il a remarqué que les Pommes de terre, au lieu d’être plantées au Printemps pour donner fruit en Automne, lorsqu’elles sont mises en terre aussitôt après la moisson, fleurissaient en Octobre et produisaient de gros et nombreux tubercules bons à récolter en Décembre. On tiendrait par suite les Pommes de terre en plus grande estime, si l’on avait la