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120 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

près ce qu’a établi A. de Candolle dans son ouvrage sur l’Origine des plantes cultivées.

Mais ce qui semble devoir expliquer l’erreur de Parmentier, et cela ressort de la dernière phrase de sa Note, c’est qu’il n’était pas au courant de ce qui avait été publié au XVIe siècle sur la Pomme de terre, et qu’il avait dû conserver sur son histoire les idées qu’il avait émises en 1781, dans son Mémoire intitulé : Recherches sur les végétaux nourrissants qui, dans les temps de disette, peuvent remplacer les aliments ordinaires. « Originaire de la Virginie, y dit-il, la Pomme de terre s’est naturalisée si parfaitement et avec tant de facilité en Europe, qu’on croirait à présent qu’elle appartient à notre hémisphère. Les Irlandais la cultivèrent d’abord dans les jardins par pure curiosité, et ce ne fut guère qu’au commencement du XVIIe siècle, qu’ils essayèrent d’en faire usage. Sa culture passa bientôt en Angleterre, puis en Flandre, en Allemagne, en Suisse et en France… » Or, d’après ces idées, comment croire, en effet, que la Pomme de terre pouvait, avant 1600, être cultivée par Olivier de Serres, dans ses terres du Pradel, non loin de Villeneuve-de-Berg, petite ville du Vivarais, en Languedoc, qui fait partie aujourd’hui du Département de l’Ardèche ?

Du reste, on peut lire, dans cette même édition du Théâtre d’Agriculture, deux passages qu’il nous paraît intéressant de citer ici. Le premier est extrait de l’éloge d’Olivier de Serres par François de Neufchâteau. « Le Linné de la Suisse, le célèbre Haller, dans sa Bibliothèque botanique, caractérise en peu de mots, suivant son usage, le Théâtre d’Agriculture. Il dit que c’est un grand et bel ouvrage, d’un homme qui parle d’après son expérience, qui aime les moyens simples et qui ne cherche pas des artifices dispendieux. Haller ajoute un autre trait non moins caractéristique de l’exactitude et des soins avec lesquels Olivier de Serres a écrit, c’est qu’il est le premier agronome qui nous ait donné en détail l’histoire de la Pomme de terre, alors assez récemment apportée d’Amérique ». Le second passage se trouve dans l’Essai historique sur l’état de l’agriculture en Europe au XVIe siècle, par le G. Grégoire, qui s’exprime en ces termes : « D’après le célèbre Haller, on a cru qu’Olivier de Serres connoissoit la Pomme de terre et qu’il l’avoit décrite sous le nom de Cartoufle. J’ai suivi, sur ce point, l’opinion qu’autorisoit le grand nom de Haller ; mais ce pourroit être une erreur.