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SON INTRODUCTION EN FRANCE 121

Notre collègue Parmentier, à qui il appartient surtout de parler des Pommes de terre, parce qu’il est celui, de tous les agronomes, qui a le plus étudié ces racines utiles, et qui les a le plus fait valoir, croit qu’on ne peut leur appliquer la description des Cartoufles, qui ne sont, selon lui, que les Topinambours. Il faut observer qu’Olivier de Serres dit que cette espèce de truffes, qu’il appelle Cartoufles, était venue de Suisse, et qu’encore aujourd’hui, en Suisse, on donne à la Pomme de terre le nom de Tarteuffel, qui approche beaucoup celui de Cartoufle ».

Ajoutons ici que ce mot Tarteuffel n’est en somme que la modification germanisée du nom italien Tartuffoli, sous lequel Charles de l’Escluse et Gaspard Bauhin disaient qu’on désignait de leur temps la Pomme de terre, et que ce tubercule porte encore, en Allemagne, le nom de Kartoffel, qui se rapproche singulièrement du mot Cartoufle employé par Olivier de Serres.

Mais après la constatation de l’introduction de la Pomme de terre en France, d’un côté par cet agronome dans le Vivarais, de l’autre par Gaspard Bauhin dans la Franche-Comté et la Bourgogne, les documents historiques font défaut pour nous apprendre de quelle façon elle a pu se propager dans les régions avoisinantes, sinon même être délaissée, puisque, comme nous l’apprend encore G. Bauhin, elle n’avait pas tardé à être accusée de donner la lèpre.

Voyons cependant, si courte que soit son histoire pendant le XVIIe siècle et la plus grande partie du XVIIIe, tout ce que nous avons pu trouver qui soit relatif à la Pomme de terre, en France, pendant cette période caractérisée par la lenteur des progrès que faisait la culture du précieux tubercule. Examinons d’abord ce qu’il en était à Paris, et ensuite dans les provinces.

Le Solanum tuberosum était une plante intéressante au point de vue botanique ; elle devait tout au moins attirer l’attention des curieux ou des savants, grâce aux travaux descriptifs de Ch. de l’Escluse et des Bauhin. Ce Solanum ne figure pas dans le Catalogue des plantes du Jardin royal des plantes médicinales (aujourd’hui le Muséum d’histoire naturelle de Paris) publié par son fondateur, Guy de la Brosse, en 1636. Mais en 1665, la Pomme de terre était cultivée dans ce Jardin Royal, car sur le Catalogue publié cette même année par Joncquet, sous les auspices de Vallot, parmi les