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136 HISTOIRE DE Lk POMME DE TERRE

unes des autres, et à 4 pouces de profondeur. Chaque Patate fut placée sur une quantité de fumier à peu près égale à ce qu’en contiendroit un chapeau. Il leur donna, avec cet instrument qu’on nomme un Bident, deux labours depuis la fin de Février qu’elles furent plantées, jusqu’au temps où il en fit la récolte. Au premier labour il rabaissa les tiges, en les arrangeant horizontalement en éventail, et il recouvrit ces tiges de terre, ne laissant au dehors que leur sommet. Lorsqu’il eut donné le second labour, le terrain étoit couvert de 3 pieds en 3 pieds de petits meulons semblables à de très grosses taupinières. Le seizième de boisseau de Patates qu’il avoit employé, lui a produit 18 boisseaux.

» L’épreuve faite à Vern, chez M. de la Chalotais, n’a pas tant produit. On la fit dans un terrain de deux cordes et demie, préparé comme pour recevoir du Froment. Il fut dirigé en rayons éloignés de 4 pieds. On y plaça des morceaux de la grosseur d’une Châtaigne, de Patates partagées, de façon que chaque morceau portoit au moins un œil. Ils étoient éloignés d’un pied les uns des autres. On en employa un quart de boisseau[1], et chaque morceau fut mis en terre à deux ou trois pouces de profondeur. On ne leur donna aucune espèce de culture. À la récolte on eut dix boisseaux de Patates.

» L’usage qu’on en fait communément, est de les manger bouillies, ou cuites sous la cendre, comme on mange des Châtaignes dans quelques provinces de France, et dans quelques cantons de Bretagne.

» Lorsqu’on en cultive en grand, on en donne aux vaches, aux cochons et aux bœufs qu’on veut engraisser. On croit devoir dire à cette occasion, que lorsqu’on donne aux animaux pour la première fois, des Turneps, des Navets, des Panais, des Patates, ils ne jugent de ces racines que par l’odorat, et il arrive souvent qu’ils n’en veulent pas manger. Il faut alors les priver de toute autre nourriture, jusqu’à ce que la faim les force à se contenter de celle qu’ils ont d’abord refusée. Ils en jugent alors par le goût, et dans la suite il n’est plus nécessaire de les sevrer d’autres aliments. On en a vu qui s’y étaient accoutumés au point de préférer ces racines cuites ou crues aux fourrages ordinaires.


  1. — « Le boisseau de Rennes, rempli de bon froment, pèse environ 45 livres. »