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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/149

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SON INTRODUCTION EN FRANCE 135

vinces du Royaume. On en peut même tirer une farine très blanche, qu’on mêle avec celle du Froment ; et j’ai mangé du pain assez beau, où il n’y avoit de farine de Froment que pour faire le levain ».

Dans un volume publié en 1762, intitulé : Corps d’observations de la Société d’Agriculture, de Commerce et des Arts établie par les États de Bretagne (années 1759 et 1760) nous trouvons une confirmation de ce que vient de dire Duhamel du Monceau au sujet de la culture des Pommes de terre dans quelques provinces du Royaume.

Ce Livre nous apprend d’abord que le tiers du terrain à cultiver devait être divisé en trois parties : le premier tiers réservé pour les prairies, les deux autres tiers se partageaient en trois portions, l’une pour le Froment, l’autre pour les menus grains, la troisième pour les gros Navets, les Panais, les Patates, c’est-à-dire les Pommes de terre. Mais citons l’article intitulé Patates[1] qui suit celui des Turneps et des Navets.

« On épargneroit encore plus, si l’on cultivoit les Patates en grand. Il y en a de plusieurs espèces. Celles de l’Isle de St-Domingue sont du genre des Convolvulus. Celles qu’on a cultivées chez M. de la Chalotais, chez M. Blanchet, et chez le sieur Rozaire sont d’un genre différent. C’est le Solanum tuberosum esculentum Pinax. En François, Patates ou Trufes rouges.

» Le sieur Rozaire est le premier qui en ait eu aux environs de Rennes. Il les plante en rayons éloignés d’environ deux pieds les uns des autres, dans un bon terrain où il met un peu de fumier. Il n’a pas cru devoir tenir registre de la quantité qu’il met en terre, et de celle qu’il recueille ; mais l’usage de calculer ce que lui coûte la nourriture de ses domestiques et de ses ouvriers, lui a fait remarquer que sa dépense étoit sensiblement diminuée depuis qu’il leur donne des Patates, et ils préfèrent aujourd’hui cet aliment à tout autre.

» M. Blanchet a placé les siennes dans un jardin dont la terre n’est qu’assez bonne et d’une nature argileuse. Ce sont ses termes. Il en a mis un seizième de boisseau dans trois cordes de terre[2]. Elles ont été plantées à trois pieds de distance en tous sens les


  1. — C’est encore sous ce nom de Patates qu’on désigne les Pommes de terre dans la Bretagne et qui ne doit être que la reproduction du mot anglais Potatoes.
  2. — « Le boisseau dont il s’agit pèse 60 livres lorsqu’il est rempli de froment. La corde est une étendue de terre de 4 toises en carré. »