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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/167

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SON INTRODUCTION EN FRANCE 153


deaux à Lyon, on les désignait à Toulouse, dans la lettre de voiture pour Lyon, par celui de truffes (dans le Dictionnaire raisonné des sciences on les nomme aussi truffes blanches, truffes rouges) ; dans les bureaux on supposa que c’était des truffes sèches et on m’en fit payer les droits à proportion. Elles ont le même nom dans une petite province qui était de mon gouvernement, et les places où on les a plantées, celui de truffières,.. Le nom le plus généralement reçu est celui de Pommes de terre, que nous conserverons… Il me paraît tout simple que les espèces rondes étant les plus goûtées, et le fruit servant à la nourriture, rien de plus naturel que la dénomination de pomme, en y ajoutant l’épithète de terre, pour indiquer qu’elles vivent dans la terre et non dehors, »

Suivent plusieurs paragraphes historiques erronés, qui dénotent qu’Engel était intimement convaincu de l’origine anglaise de la Pomme de terre. Cette fausse croyance explique ce qui suit.

» Il est surprenant, dit-il, qu’en Suisse, pays bien plus éloigné des contrées où on en faisait usage, on les ait connues de si bonne heure, et dans les montagnes les plus reculées. En 1730, j’allais faire avec d’autres curieux, une course botanique dans un vallon de ces montagnes du Canton de Berne : nous profitâmes de l’hospitalité d’un Ministre qui nous dit que les Pommes de terre se vendoient alors dans ce vallon à six sols le boisseau comble, et que la dixme qu’il en tiroit pouvoit se monter de 130 à 140 livres par an. Or alors on avoit commencé d’y en cultiver depuis bon nombre d’années, ce que je prouve par l’usage qu’ils avoient dès lors de couper les Pommes de terre par tranches, de les faire sécher au four et moudre au moulin ordinaire pour en faire du pain, parce qu’on ne peut semer de bled entre ces montagnes ; déjà, en 1734, l’avantage de cette culture étoit si bien connu dans le même canton, qu’ayant vu, sur la route depuis la capitale vers ces montagnes, un champ de 2 à 3 arpens tout planté de Pommes de terre, et en étant surpris, parce qu’en général on n’en plantoit encore vers la capitale qu’un terrein de 1/8 ou 1/4 d’arpent, et en ayant demandé la raison, on me dit que ce paysan ayant acheté ce champ, un an et demi auparavant, il comptoit de le payer cette année par le seul produit des Pommes de terre.

» Depuis tant d’années cette culture s’est augmentée considérablement en Suisse, et depuis le commencement de la dernière