Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
154 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

disette encore plus : un ami, patriote zélé et père des peuples de son gouvernement, m’a assuré depuis peu, qu’en 1770, ils y ont recueilli au moins 150,000 boisseaux, en 1771 encore plus, et que celle-ci 1772 cela pourra bien aller à 200,000. Que l’on juge de la quantité immense que produit ce canton, et toute la Suisse : cette denrée étant cultivée partout du plus au moins.

»….. On a été jusqu’ici dans une certaine erreur : par la distinction entre hâtives et tardives, on entendoit que les premières étoient à leur point de maturité à la St-Jacques et pendant le mois d’Août ; que les autres ne l’atteignoient qu’en Octobre : on se trompe. Au lieu de dire que ces espèces sont mûres à la St-Jacques, on doit dire qu’elles sont alors mangeables. Toutes les espèces ne sont-elles pas dans ce cas ? Non. Depuis deux ans on en a examiné plusieurs ; on en a trouvé qui en Juillet, au commencement d’Août même, ne donnoient aucun signe de la formation d’un fruit, et qui pourtant à la fouille d’Octobre ou de Novembre, se trouvoient en avoir produit le plus et les plus beaux ; d’autres par contre en montrent au mois de Juillet, même en Juin. Un Anglois arrivant dans notre pays au commencement de Juillet 1771, et se rendant d’abord chez moi, tous deux comme membres de la Société des Arts, de l’Agriculture, etc., de Londres, nous nous demandâmes des nouvelles de leurs progrès ; et en parlant des Pommes de terre, il m’assura en avoir mangé déjà avant son départ de Londres, qui fut environ le 20 Juin. Comment, dis-je, avez-vous donc une espèce si précoce à Londres, qu’elle soit mûre en Juin ?… Mais les Anglois aimant ce fruit, on en apporte au marché, lors même qu’il n’est que de la grosseur d’une noisette, tout comme les Raiforts, les Raves, les Carottes jaunes, etc.

» Au commencement d’Août 1771, j’en trouvai (des Hollandoises) qui avoient actuellement 15 à 18 fruits pour un : ceci paraissoit assez riche, vu que dans le général on est content d’avoir une récolte de 10 pour un. Cependant, leur laissant faire des progrès ultérieurs, on en a trouvé en Septembre jusqu’à 150 ; vers la fin d’Octobre et le commencement de Novembre, près de 300, sans compter grand nombre de très petits de la grosseur d’une noisette, d’un pois même, formé tout nouvellement… ».

Suit un passage concernant les diverses variétés connues à cette