Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
166 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

« MÉMOIRE SUR LES SEMIS DES POMMES DE TERRE, par M. Parmentier.

» Si le froment a acquis et conservé le droit d’être placé à la tête des semences farineuses par rapport à la nourriture salutaire que ce grain fournit abondamment à l’homme et aux animaux, on peut avancer avec la même certitude que la Pomme de terre est bien digne de tenir le premier rang parmi les racines potagères, puisqu’il est possible de la faire servir également en boulangerie, dans les cuisines et dans les basses-cours.

» Un avantage précieux qui semble distinguer la Pomme de terre des autres racines alimentaires de cet ordre, c’est qu’il n’y a pas de sol qui, secondé par l’industrie, ne devienne propre à sa culture ; toutes les expositions lui conviennent ; sa végétation est facile et sa fécondité si merveilleuse, qu’un arpent de terre sablonneuse qui avait à peine rendu le grain ensemencé, a fourni 600 boisseaux de Pommes de terre[1], et qu’une seule de ces racines garnie de 22 œilletons, en a produit jusqu’à 634 de toute grosseur. Ces exemples si communs de fécondité, que l’expérience justifie journellement, annoncent la force végétative de la Pomme de terre, en même temps qu’ils servent à prouver qu’un petit coin de jardin qui en serait planté, suffirait pour offrir à une famille très nombreuse de quoi subsister pendant la saison morte de l’année.

 » Dégénération des Pommes de terre.

» La nature, en signalant son excessive libéralité envers la Pomme de terre, ne lui a pas donné une constitution capable de résister à toutes les intempéries des saisons ; et quoiqu’elle puisse soutenir longtemps les effets de la sécheresse et de l’humidité, braver l’action destructive de la grêle, des vents et des brouillards, elle n’en est pas moins assujettie à des accidents et à des maladies qui dérangent et détruisent son organisation.

» Ainsi, malgré les avantages réunis de la saison, du sol et de tous les soins que demande sa culture, la Pomme de terre dégénère, et cette dégénération plus marquée dans certains cantons, a été portée à un tel degré, que dans quelques endroits du Duché des Deux-Ponts et du Palatinat, la plante, au lieu de produire des


  1. — Soit par arpent, 78 hectolitres, ou 234 hectolitres à l’hectare (en poids, 18.720 kilogr.)