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SON INTRODUCTION EN FRANCE 167

tubercules charnus et farineux, n’a plus donné que des racines chevelues et fibreuses, quoiqu’elle fût pourvue comme à l’ordinaire de feuilles, de fleurs et de fruits ou baies.

» Cette espèce de calamité pour les pays qui l’éprouvent, a été attribuée à plusieurs causes qui n’ont aucune part directe ; les uns ont prétendu qu’elle dépendait du défaut de maturité des racines employées à la plantation, ou de ce qu’elles avaient été endommagées par la gelée ; les autres, qu’elle était due à la méthode de les multiplier par les œilletons ; enfin, beaucoup croyant avoir remarqué que cet accident s’était manifesté plus particulièrement dans les Cantons où l’on cultivait la Pomme de terre grosse blanche hâtive, arrivée nouvellement de l’Amérique, n’ont pas fait difficulté de lui assigner pour cause le mélange des poussières séminales de cette espèce inférieure en qualité, et que la proscription de sa culture deviendrait le remède le plus assuré et le plus facile pour arrêter le mal à sa source.

» Sans vouloir discuter ici en détail les différentes opinions auxquelles a donné lieu la dégénération des Pommes de terre, je ferai seulement observer que ces tubercules plantés peu de temps après leur formation, et bien avant leur parfaite maturité, n’en ont pas moins rapporté des racines pourvues de toutes leurs propriétés ; qu’une fois la Pomme de terre frappée par la gelée et abandonnée à elle-même, n’est plus susceptible d’aucune reproduction quelconque, et que les Pommes de terre originaires de l’œilleton détaché de la Pomme de terre sans pulpe, n’en ont pas moins rapporté l’année d’ensuite une abondante moisson.

» Quant aux mélanges des poussières séminales, d’une espèce différente, regardés comme la cause de la dégénération d’une autre espèce, ce mélange peut bien apporter des changemens notables à la qualité des fruits pulpeux et des semences qui s’y trouvent contenues, mais il ne parait pas que son influence puisse exercer une action aussi marquée sur la constitution d’un végétal qu’on perpétue immédiatement par la voie des racines ; d’ailleurs on a remarqué que la Pomme de terre n’avait point été susceptible de cet abâtardissement, là où il y avait en culture, à peu de distance, la nouvelle espèce.

» Toutes ces raisons et beaucoup d’autres qu’il serait superflu de détailler ici, puisqu’elles n’apprennent rien sur la question