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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/19

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TYPE SAUVAGE DE LA POMME DE TERRE

possédée. » On a, par suite, été conduit à supposer que la Pomme de terre avait pu être apportée au XVIe siècle dans la Virginie par des navigateurs ou des pirates, qui avaient fait relâche ou naufrage sur ces côtes encore si peu connues.

D’un autre côté, on savait aussi que les Espagnols avaient constaté que la Pomme de terre était cultivée et consommée au Pérou au moment de leurs conquêtes : c’était, par conséquent, dans l’Amérique du Sud qu’il y avait chance de rencontrer cette Solanée à l’état sauvage. Cherchons donc dans les ouvrages des Historiens, Voyageurs ou Naturalistes qui ont parcouru cette partie de l’Amérique, les premiers débuts de son histoire.

Pierre Cieça de Léon, dans sa Chronique espagnole du Pérou (1550), fait le premier mention de la Pomme de terre. « Dans des lieux voisins de Quito, dit-il, les habitants ont, avec le Maïs, deux autres plantes qui leur servent en grande partie à soutenir leur existence, savoir : les Papas, à racines presque semblables à des tubercules, dépourvues de toute enveloppe plus ou moins dure ; lorsqu’elles sont cuites, elles ont la pulpe presque aussi tendre que de la purée de Châtaignes ; séchées au soleil, on les appelle Chumo et on les conserve pour l’usage. Le fruit produit une tige semblable à celle du Pavot. L’autre est le Quinüa plante de la hauteur d’un homme, à feuilles de la Blette de Mauritanie, à graine petite, blanche ou rouge, avec laquelle on prépare une boisson, ou qu’on mange après cuisson, comme nous le riz[1]. »

Lopez de Gomara, dans son Histoire générale des Indes (1554), et Augustin de Zarate, dans son Histoire de la découverte et de la conquête du Pérou (1555), parlent également de ces Papas, qui est encore le nom indien des Pommes de terre.

Jérôme Cardan, dans son curieux ouvrage, intitulé De Rerum varietate (Bâle, 1557), s’exprime aussi en ces termes sur le même sujet : « Sur le penchant des montagnes, dans la région du Pérou, les Papas sont comme une espèce de Truffe, dont on se sert en place de pain, et qui sont engendrées dans le sol ; c’est ainsi que la nature pourvoit sagement partout à tous les besoins. On les fait sécher et on les appelle Ciuno. Certaines gens ont trouvé moyen


  1. — Il s’agit ici du Quinoa (Chenopodium Quinoa de Willdenow) qui est encore une des bases de la nourriture des Péruviens et des Chiliens.