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186 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

d’Octobre ; de ce que les gens, chargés de la récolte, ont pris pour eux-mêmes à la dérobée[1], et de ce qu’ils ont laissé par négligence dans la terre. Ce dernier article est certainement considérable. Dix ou douze jours après la récolte enlevée, on voyait encore sur la place un nombre de Glaneurs qui fouillaient la terre, et qui ne perdaient point leur temps.

» Comme le produit de ces 35 arpens devait être partagé gratuitement entre les Pauvres, on n’a point veillé soigneusement à ce qu’il n’en fût rien détourné. La vigilance n’a point paru nécessaire en cette occasion, par une considération toute simple. On voyait que malgré ce qui serait soustrait, la production avérée serait assez grande pour justifier l’entreprise et démontrer ce qu’on avait prétendu faire connaître. D’ailleurs, ceux qui s’appropriaient subtilement de ces Pommes de terre étaient vraisemblablement pauvres ; par conséquent, du nombre de ceux à qui l’on destinait des distributions.

» Les 621 sacs de ces racines récoltées à la Plaine des Sablons ont, en effet, été donnés, partie à des Paroisses, partie directement à des Pauvres en particulier, partie aux Sociétés philanthropiques.

» On avait porté, dans la plaine, pour la plantation des 35 arpens, 101 setiers, dont dix au moins, suivant ce que l’on nous a dit, ont été pillés tant par les ouvriers que par d’autres. Ainsi le produit net de cette culture est de 520 sacs de 16 boisseaux chacun, en partant seulement du produit connu ; et le total du produit connu se trouve être neuf fois et demi plus considérable que la quantité mise en terre pour la plantation.

» Dans l’arpent fumé, la fane avait plus de vigueur ; les Pommes de terre étaient un peu plus grosses, et le produit a surpassé d’un tiers environ celui des autres arpens.

» Deux arpens qui l’année précédente, en 1786, avaient été plan-


  1. — On sait ce que Parmentier pensait de ces vols, d’après ses biographes. Voici ce que disait, dans sa Notice biographique sur feu Parmentier, lue à la Société d’Agriculture le 9 avril 1815, M. Silvestre, secrétaire perpétuel. « Il avait demandé des gendarmes pour garder sa plantation de la Plaine des Sablons, mais il avait exigé que leur surveillance ne s’exerçât que pendant le jour seulement ; ce moyen eut tout le succès qu’il avait prévu. Chaque nuit, ou voloit de ces tubercules dont on auroit méprisé l’offre désintéressée, et Parmentier était plein de joie au récit de chaque nouveau larcin, qui assuroit, disoit-il, un nouveau prosélyte à la culture et à l’emploi de la Pomme de terre ».