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SON HISTOIRE BIOLOGIQUE


Mais on a constaté quelquefois que, dans des cas particuliers, des tubercules se formaient sur certains points de la tige, en pleine lumière. Bien que ces tubercules aériens ne soient point comparables aux tubercules souterrains, la vigueur de la plante est telle que la genèse de ses tubercules ne dépend pas absolument de l’obscurité.

Nous trouvons dans le Mémoire de Schacht d’autres faits de formations tuberculifères. Un tubercule de Pomme de terre avait primitivement poussé des turions dans un air humide et obscur ; placé dans le sable d’une caisse humide, après l’ablation de ces turions, il n’en avait pas d’abord produit de nouveaux. Or, du 2 mai au 23 septembre, sans qu’il y ait eu aucune tige feuillée, il s’était formé des turions rudimentaires et de jeunes tubercules. Il cite de même une autre Pomme de terre qui avait produit dans une caisse humide des turions pendant l’été : ces turions qui étaient restés rudimentaires et n’avaient pas poussé de tige feuillée, avaient néanmoins, le 23 septembre, produit également de jeunes tubercules. Cette formation anticipée des tubercules, sans croissance de tiges aériennes, se remarque aujourd’hui et non rarement dans les cultures de la variété Marjolin. C’est un des inconvénients que présente cette très précoce variété, d’autant plus que ces tubercules hâtifs n’ont pas le volume normal que présentent ceux qui se sont développés en même temps que les tiges.

Turions ou jeunes tiges. — Un bourgeon sur un tubercule est comparable en tous points à l’embryon contenu dans la graine, sauf qu’il est dépourvu de feuilles cotylédonaires et que son appareil radiculaire est rudimentaire. Mais son développement est à peu de chose près le même : le bourgeon émet une tige, puis des racines ; la tige se ramifie, puis se couvre de feuilles et l’axe se termine par une cyme florale fructifère. Seulement, où la différence apparaît, c’est que le turion trouve dans le tubercule de riches aliments de réserve, et qu’il y puise des éléments de formation qui lui permettent en quelques mois de produire fleurs, fruits et tubercules, alors que l’embryon arrive à peine, sans souvent fleurir, à la fin de sa première année de croissance, à développer des tubercules en général assez médiocres. Ce résultat de l’influence des éléments nutritifs de réserve est très remarquable, et elle se fait sentir en particulier sur le développement des premières feuilles