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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/244

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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

du turion, car c’est à peine si les deux ou trois premières feuilles présentent une forme moins complexe que les feuilles adultes, ce qui est loin, comme nous l’avons vu, d’être le cas de l’embryon dont la formation foliaire est si lente à se caractériser.

Dans sa croissance, le turion émet, surtout à sa base, plusieurs radicelles qui deviendront des racines, et sur lesquelles se montrent également des poils radiculaires d’absorption, comme sur les radicelles de l’embryon. Les tiges, les rameaux, les feuilles, les fleurs et les fruits se développent successivement comme nous l’avons vu plus haut, ainsi que les tubercules. Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons déjà exposé de leur organisation intime et de leurs fonctions biologiques.

Après ces explications générales que nous venons de donner sur les manifestations vitales de la Pomme de terre, nous croyons qu’il y a intérêt à enregistrer ici les diverses observations tératologiques ou physiologiques dont elle a été successivement l’objet. C’est ainsi que Bosc, dans le Dictionnaire raisonné d’Agriculture y disait en 1822 : « On a plusieurs exemples de fleurs de Pomme de terre qui, au lieu de former une baie, ont formé un groupe de petits tubercules pourvus de leurs yeux et qui mis en terre donnent naissance à un pied vigoureux. J’en ai vu en 1816, année très pluvieuse, qui offraient sur une seule panicule plus de cent tubercules de différentes grosseurs, dont quelques-uns avaient près d’un pouce de long. Elles provenaient de la belle variété appelée Corne de bufle ».

Plus récemment, en 1855, Germain de Saint-Pierre appelait l’attention sur une forme anomale de tubercules de Pomme de terre[1]. « Le hasard, dit-il, avait fourni à M. le professeur Seringe les éléments d’une observation des plus intéressantes au point de vue de la structure des tiges : cet estimable observateur avait rencontré, à la surface du sol, des tubercules de Pommes de terre développées sous la forme de rosettes de feuilles charnues, et qui présentaient des formes intermédiaires entre les tubercules et les tiges normales. Pendant un des automnes derniers, désirant étudier, à mon tour, le fait remarquable signalé par M. Seringe, je

  1. — Bulletin de la Société botanique de France, t. II.