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TYPE SAUVAGE DE LA POMME DE TERRE 11

sente le même phénomène que le Bananier, le Maïs et le Froment. Quelques recherches que j’aie pu faire sur les lieux, je n’ai jamais appris qu’aucun voyageur l’eût trouvée sauvage, ni sur le sommet de la Cordillière du Pérou, ni dans le royaume de la Nouvelle Grenade, où cette plante est cultivée avec le Chenopodium Quinoa… Dans la Cordillière des Andes, depuis 3 000 jusqu’à 4 000 mètres, l’objet principal de la culture est la Pomme de terre. »

Quelques années plus tard, Humboldt, dans son Essai politique sur le Royaume de la Nouvelle-Espagne, traite plus amplement le même sujet et y ajoute des considérations philosophiques du plus grand intérêt. Nous croyons devoir en citer ici les passages les plus instructifs.

« Une plante à racine nourrissante, dit-il, qui appartient originairement à l’Amérique, la Pomme de terre (Solanum tuberosum) paraît avoir été introduite au Mexique, à peu près à la même époque que les céréales de l’Ancien Continent. Je ne déciderai point la question si les papas (c’est l’ancien nom péruvien sous lequel les Pommes de terre sont aujourd’hui connues dans toutes les colonies espagnoles) sont venues au Mexique conjointement avec le Schinus Molle du Pérou, et, par conséquent, par la voie de la Mer du Sud ; ou si les premiers conquérants les ont apportées des montagnes de la Nouvelle-Grenade. Quoi qu’il en soit, il est certain qu’on ne les connaissait pas du temps de Montezuma, et ce fait est d’autant plus important, qu’il est un de ceux dans lesquels l’histoire des migrations d’une plante se lie à l’histoire des migrations des peuples… Cela suffit pour prouver combien il est important pour l’histoire de notre espèce, de connaître avec précision jusqu’où s’étendait primitivement le domaine de certains végétaux avant que l’esprit de colonisation des Européens fût parvenu à réunir les climats les plus éloignés. Si les Céréales, si le Riz des Grandes Indes étaient inconnus aux premiers habitants de l’Amérique, en revanche le Maïs, la Pomme de terre et le Quinoa ne se trouvaient cultivés ni dans l’Asie centrale, ni dans les îles de la Mer du Sud.

» La Pomme de terre nous présente un autre problème très curieux, si on l’envisage sous un rapport historique. Il paraît certain que cette plante n’était pas connue au Mexique avant l’arrivée des Espagnols. Elle fut cultivée à cette époque au Chili, au Pérou,