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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/26

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12 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE



à Quito, dans le Royaume de la Nouvelle-Grenade, sur toute la Cordillière des Andes, depuis les 40° de latitude australe jusque vers les 50° de latitude boréale. Les botanistes supposent qu’elle croît spontanément dans la partie montueuse du Pérou. D’un autre côté, les savants qui ont fait des recherches sur l’introduction des Pommes de terre en Europe, assurent qu’elle fut aussi trouvée en Virginie par les premiers colons que Sir W. Raleigh y envoya en 1584. Or, comment concevoir qu’une plante qu’on dit appartenir originairement à l’hémisphère austral, se trouvait cultivée au pied des Monts Alleghanys, tandis qu’on ne la connaissait point au Mexique et dans les régions montueuses et tempérées des îles Antilles ? Est-il probable que des tribus péruviennes aient pénétré vers le Nord jusqu’aux rives du Rapahaunoc, en Virginie, ou les Pommes de terre sont-elles venues du Nord au Sud, comme les peuples qui, depuis le VIIe siècle, ont paru successivement sur le plateau d’Anahuac ? Dans l’une et l’autre de ces hypothèses, comment cette culture ne s’est-elle pas introduite ou conservée au Mexique ? Voilà des questions peu agitées jusqu’ici, et cependant bien dignes de fixer l’attention du physicien. Embrassant d’un coup d’œil l’influence de l’homme sur la nature et la réaction du monde physique sur l’homme, on croit lire, dans la distribution des végétaux, l’histoire des premières migrations de notre espèce

» Je ferai observer d’abord que la Pomme de terre ne me paraît pas indigène au Pérou, et qu’elle ne se trouve nulle part sauvage dans la partie des Cordillières qui est située sous les tropiques. Nous avons, M. Bonpland et moi, herborisé sur le dos et sur la pente des Andes, depuis les 5° nord jusqu’aux 12° sud ; nous avons pris des informations chez des personnes qui ont examiné cette chaîne de montagnes colossales jusqu’à La Paz et à Oruro, et nous sommes sûrs que, dans cette vaste étendue de terrain, il ne végète spontanément aucune espèce de Solanée à racines nourrissantes. Il est vrai qu’il y a des endroits peu accessibles et très froids que les naturels appellent Paramos de las Papas (plateaux déserts des Pommes de terre) ; mais ces dénominations, dont il est difficile de deviner l’origine, n’indiquent guère que ces grandes hauteurs produisent la plante dont elles portent le nom.

» En passant plus au sud, au-delà du tropique, on la trouve, selon Molina, dans toutes les campagnes du Chili. Les naturels y