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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/28

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14 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

naître, aucune plante depuis la découverte des Céréales, c’est-à-dire depuis un temps immémorial, n’a exercé une influence aussi marquante sur le bien-être des hommes que la Pomme de terre. Cette culture, d’après les calculs de Sir John Sinclair, peut nourrir neuf individus par acre de 5 368 mètres carrés. Elle est devenue commune dans la Nouvelle-Zélande, au Japon, à l’île de Java, dans le Boutan et au Bengale, où, selon le témoignage de M. Bockford, les patates[1] sont regardées comme plus utiles que l’Arbre à pain introduit à Madras. Leur culture s’étend depuis l’extrémité de l’Afrique jusqu’au Labrador, en Islande et en Laponie. C’est un spectacle intéressant que de voir une plante descendue des montagnes placées sous l’équateur, s’avancer vers le Pôle, et résister, plus que les Graminées céréales, à tous les frimas du Nord. »

Il semblerait, d’après ce qui précède, qu’on dût perdre tout espoir de retrouver la Pomme de terre à l’état sauvage. Un point seulement était établi, c’est que le Chili devait être probablement son pays d’origine. Mais nous allons voir l’histoire de la Pomme de terre sauvage entrer dans une nouvelle phase, et il s’en est fallu de peu que l’on se soit cru autorisé à considérer comme résolu ce difficile problème. — Nous traduisons ce qui suit d’un Mémoire, qui a fait époque, de M. J. Sabine, lu le 22 novembre 1822 à la Société d’horticulture de Londres[2].

« Sur le pays d’origine de la Pomme de terre sauvage etc. — La possession d’échantillons spontanés de la Pomme de terre sauvage est restée longtemps un desideratum : or, en raison de la grande importance et de l’usage extensif qu’a pris la culture des tubercules de la Pomme de terre, le sujet dont il s’agit m’a paru digne d’attirer l’attention de la Société. Dans mes communications avec nos Correspondants de l’autre côté de l’Atlantique, ce point leur avait été signalé comme un des problèmes les plus intéressants à résoudre. Aussi, n’est-ce pas sans une certaine satisfaction que je puis constater que nos tentatives ont été couronnées de succès.

» De grands doutes se sont élevés quand il s’est agi de savoir dans quelles parties du Nouveau-Monde devait être assignée la station naturelle du Solanum tuberosum ou Pomme de terre ; la


  1. — C’est-à-dire les Pommes de terre.
  2. Transactions of the Horticultural Society of London, 1824.