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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/29

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TYPE SAUVAGE DE LA POMME DE TERRE 15

question même est encore matière à discussion entre les Botanistes les plus célèbres. La plante cultivée a été d’abord connue en Angleterre sous le nom de Patate de Virginie ; je conçois, cependant, qu’il puisse rester quelque doute sur son origine, en ce que les tubercules qui ont été trouvés par Sir Walter Raleigh dans cette colonie[1] et transportés en Irlande, pouvaient y avoir été préalablement introduits de quelques-uns des territoires espagnols, situés dans les régions les plus méridionales de cette partie du globe ; si la Pomme de terre, en effet, avait été une plante croissant spontanément dans quelques-uns des districts qui font partie maintenant des États-Unis, elle aurait été déjà découverte et signalée par les Collecteurs botanistes qui ont parcouru et examiné avec soin les plantes de ces contrées.

» Le Baron de Humboldt donne pour certain que la Pomme de terre ne croît pas spontanément dans la partie sud-ouest de l’Amérique du Nord, et qu’elle n’est pas autrement connue que comme une plante cultivée dans toutes les îles des Indes occidentales. Son existence à l’état sauvage reste donc fixée dans l’Amérique du Sud, et il semble maintenant suffisamment prouvé qu’on doit la rencontrer à cet état, soit dans les sommités des régions tropicales, soit dans les régions plus tempérées des côtes occidentales de la partie sud de cette division du Nouveau Monde.

» D’après Molina (Histoire naturelle du Chili), la Pomme de terre croît communément à l’état sauvage dans les campagnes du Chili, et elle est appelée dans cet état par les indigènes Maglia : elle produit, lorsqu’elle n’est pas cultivée, des tubercules petits et amers. De son côté, le Baron de Humboldt assure qu’elle ne croît pas spontanément au Pérou, ni sur aucune partie des Cordillères situées sous les tropiques. Mais cette assertion est contredite par M. Lambert, qui rappelle que don José Pavon a dit que ses compagnons de voyage, Dombey et Ruiz, ont recueilli avec lui le Solanum tuberosum à l’état sauvage, non-seulement au Chili, mais aussi au Pérou, aux environs de Lima, et qui ajoute que don Francisco Zea lui a affirmé qu’il l’avait trouvé de même croissant dans les forêts de Santa-Fé de Bogota. La relation ci-dessus de Pavon se trouve-

  1. — On verra, dans un autre chapitre, que Walter Raleigh n’a eu personnellement rien à faire avec l’introduction de la Pomme de terre en Angleterre.