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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

fur et à mesure de leur arrachage, présentaient les signes caractéristique, soit du 1er stade, soit du 2e stade de la Gale. Et cependant, les cellules de ce Microcoque sont entourées de mucus ; elles sont par suite immobiles : comment donc peut-on expliquer cette transmission à distance ? Nous pensons que le transport doit se faire du tubercule-mère aux tubercules de nouvelle formation par les mouvements mêmes qu’exécutent lentement dans le sol les racines et les stolons de la plante, par les courants capillaires des eaux de pluie ou d’arrosage, enfin, à plus longue distance par les larves, les insectes et surtout les lombrics dont les anneaux gluants et sétigères peuvent s’imprégner du mucus du Microcoque et le déposer dans les plants de Pommes de terre. La scissiparité continue de l’infiniment petit achève d’en expliquer la facile et assez rapide dissémination.

Nous avons vu qu’en Angleterre on n’avait trouvé d’autre moyen de se mettre à l’abri de cette maladie que de changer le sol de culture et de ne planter les Pommes de terre que dans des champs non contaminés. Cette maladie a été très commune en Angleterre. Elle est moins répandue en France et en Allemagne. On ne s’en inquiète pas lorsque les tubercules ne la présentent qu’à son premier stade, en particulier sur les variétés hâtives. Mais les variétés tardives qui en seraient affectées trop visiblement (2e et 3e stades de la Gale), celles surtout de consommation bourgeoise, peuvent être dépréciées.

Nous terminerons cet article de la Gale de la Pomme de terre en signalant le résultat des observations de M. Schilberszky, professeur à l’École royale d’horticulture de Buda-Pesth[1]. Dans les cellules mortifiées du tissu sous-épidermique de Pommes de terre galeuses, il a constaté l’existence d’un Champignon particulier qui appartiendrait à la famille des Chytridinées, et qui se développerait sans aucun mycélium, sa fructification étant endobiotique. Il serait constitué, en effet, par une seule cellule sphérique, qui formerait dans son état adulte un conceptacle (ou zoosporange) d’un brun doré, renfermant des spores motiles, destinées à reproduire immédiatement l’espèce, ou bien une fructification durable, résultant de la fécondation d’un œuf (ou oosporange), destinée à conserver les

  1. Berichten der deutschen botanischen Gesellschaft, Berlin, ISOC »