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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/292

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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

reconnaître. Ce qui rend cette maladie surtout à redouter pour l’Agriculture, c’est qu’à son début elle ne laisse apparaître, pour ainsi dire, aucune trace d’altération, quoique les tubercules mis en terre ne soient plus susceptibles de pousser des tiges ; et si quelques-uns en produisent, celles-ci se flétrissent bientôt, et le laboureur se voit totalement frustré dans ses espérances.

» Dans la Province bavaroise du Palatinat, cette maladie a causé de tels ravages en 1840, qu’en plusieurs cantons les récoltes ont été réduites au tiers. Cette affection paraît s’être manifestée pour la première fois en 1830 dans plusieurs districts voisins du Rhin. Aujourd’hui on l’a observée surtout dans le Palatinat, dans le Royaume de Saxe, dans le Mecklembourg, la Bohème et la Silésie. Elle apparaît comme une véritable épidémie, et, comme dans toute maladie de ce genre, elle offre des caractères singuliers et difficiles à expliquer… On a cru pouvoir en attribuer la cause soit à une sécheresse excessive, soit à une trop grande humidité et à des nuits froides, ou bien à un épuisement de la variété de Pommes de terre et à l’action d’une culture peu convenable. Elle s’est montrée indistinctement sur toutes les variétés. On l’appelle Gangrène sèche (Trockenfäule, Stockfäule).

» J’ai examiné des tubercules gangrenés qui m’ont été envoyés de différens points de l’Allemagne, assez distans l’un de l’autre, et j’ai trouvé sur tous une petite Mucédinée plus ou moins développée, à laquelle je donne le nom de Fusisporium Solani. Mes observations m’ont convaincu que la présence de ce petit Champignon est la cause et non l’effet de cette affection, ainsi que plusieurs Agronomes et même des Botanistes distingués ont cru pouvoir l’annoncer.

» Quant aux symptômes, ils présentent des caractères différens, selon le degré du développement que nous offre la maladie. Dans le principe, les Pommes de terre n’en offrent extérieurement aucun indice, si ce n’est cependant à leur surface, qui se trouve parsemée de taches d’une couleur plus foncée et réticulée, par l’effet de la dessiccation partielle de l’épiderme. Plus tard la Pomme de terre devient plus sèche encore, et présente à l’intérieur plusieurs parties d’une teinte livide et noirâtre. On y découvre aussi des portions extrêmement minces, de couleur blanchâtre, rudimens du Fusisporium Solani, qui se présentent alors comme tout autre Mycelium