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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

intacte humectée d’une Pomme de terre saine, et provenant d’un pays où la maladie ne s’était pas encore manifestée. Quelques semaines après, l’épiderme montrait des traces sphacéleuses, la Pomme de terre se flétrissait en perdant visiblement une partie de ses sucs, et quelques mois après on vit sortir de son intérieur le Champignon sous la forme d’une éruption blanche.

»… Je présume que la graine de ce petit Champignon, funeste à l’organisation de la Pomme de terre, exerce une action toute particulière sur le tissu cellulaire avec lequel elle se trouve en contact ; qu’elle altère le suc contenu dans la première cellule qu’elle rencontre, et qu’elle propage de là cette altération d’une cellule à l’autre, de manière qu’en très peu de temps les sucs contenus dans tout le tissu de la Pomme de terre sont infectés et altérés de manière à réagir sur le parenchyme, qui en éprouve des changemens morbides. Pour moi, ces sucs, répandus dans l’intérieur de la plante par voie d’absorption, y agissent comme un virus sui generis.

»… La gangrène sèche est d’autant plus redoutable pour la culture, que la multitude des graines produites par le Fusisporium Solani est innombrable, que ces petits germes peuvent se répandre partout, et qu’il est prouvé que les spores des Champignons conservent leur vitalité pendant fort longtemps.

» De tout ce qui précède, je conclus que la Mucédinée qui infeste aujourd’hui nos plantations de Pommes de terre peut malheureusement être regardée comme un des plus grands fléaux de notre Agriculture… Il est donc du plus haut intérêt de trouver un moyen efficace d’arrêter la propagation de cette plante parasite, et de détruire ses graines et son blanc. J’ai proposé, à cet effet, de garantir les récoltes encore saines, en évitant tout contact avec les Pommes de terre affectées ; de détruire complètement ces dernières si elles sont tellement avancées dans leur maladie qu’on ne puisse plus en tirer parti ; de nettoyer les caves où les spores du végétal nuisible peuvent être dispersées en quantités innombrables, et de soumettre enfin au chaulage les tubercules destinés à la reproduction, avant de les confier au sol.


    ce qui ne laisse pas de faire naître des doutes sur les résultats des expériences de De Martius. Nous y reviendrons plus loin.