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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/297

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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

cule ne se dessèche que lorsqu’il est placé dans un air sec qui lui fait perdre cette même humidité.

Nous traiterons ci-après de la gangrène humide qui détruit jusqu’aux germes du tubercule, tandis que la gangrène sèche n’y porte aucune atteinte. C’est ainsi que, dans nos expériences, nous avons pu constater que des tubercules très gangrenés avaient, pour la plupart, très bien germé, et que certains avaient émis de hautes tiges florifères et produit une assez belle récolte. C’étaient ceux qui avaient conservé toute ou partie de leur fécule, sans avoir été envahis par des Moisissures, car ceux, au contraire, qui avaient subi les effets de second parasitisme, comme le disait Kühn, ou ne germaient pas, ou n’émettaient que des pousses souffreteuses, et la récolte était nulle ou des plus maigres.

Ici encore, il s’agit d’une contamination assez singulière. Des tubercules ainsi gangrenés, conservés pendant l’hiver, nous ont offert au printemps trois espèces de Microcoques, différents de forme et de dimension, mais très abondants tous trois dans les tissus des Pommes de terre malades que nous avons examinées. L’un est le Micrococcus Imperatoris, dont nous avons constaté la présence surtout dans la variété Imperator et dans quelques autres ; l’autre est le M. albidus, qui s’est montré dans un très grand nombre de variétés et qui nous paraît être de beaucoup le plus répandu. Le troisième est le M. Delacourianus, qui produit dans les tubercules de la variété Royale une gangrène dure et noirâtre. La contamination s’effectue du tubercule-mère aux tubercules de nouvelle formation, dans le sol, au moyen des larves et surtout des lombrics qui disséminent à distance le Microcoque immobile dans son mucus, pendant que le mouvement souterrain des racines et des stolons, joint aux infiltrations capillaires des eaux pluviales, contribue de son côté à un déplacement plus restreint du Microbe. Les tubercules attaqués ne présentent, au moment de la récolte, que des taches légèrement brunâtres, en général peu apparentes. Le développement du Microcoque, ainsi introduit dans le tubercule, ne s’effectuera que plus tard, pendant l’hiver, surtout dans les caves humides et tièdes, et ce n’est qu’au printemps que son action se révélera.

Il conviendra donc, pour se prémunir contre ces Microcoques, de laver ou tout au moins mouiller les tubercules-semence avant de