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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/296

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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

l’opinion de De Martius, surtout en raison de plusieurs expériences qu’il avait faites et qui lui avaient permis de constater que des inoculations de tissu malade à des portions de tubercules sains en avaient gangrené les tissus. On verra plus loin ce qui peut, en effet, expliquer le succès de cette expérience.

Schacht, dans son Mémoire précité de 1856, bien qu’il distingue les deux gangrènes sèche et humide, ne les sépare pas de la gangrène produite par la nouvelle Maladie. Il est, par suite, difficile de se faire une idée nette de ce qu’il entendait par la gangrène sèche.

Kühn[1] explique que la gangrène sèche se produit aussitôt après la récolte des Pommes de terre et se développe peu à peu pendant leur conservation durant l’hiver, si bien qu’au printemps elle envahit les tubercules-semence après leur plantation : il en résulte que ceux-ci ou bien ne germent pas, ou bien ne développent que des pousses souffreteuses ou maladives. Cette observation nous paraît juste. Mais quelle est la cause de la gangrène sèche comparée à la gangrène humide ?

Les résultats des recherches que nous avons publiés en 1896 nous paraissent de nature à éclairer la question. La gangrène sèche est produite par l’action parasitaire primordiale des Microcoques seuls ; la gangrène humide par celle plus complexe d’un Microcoque associé à un Bacille, ou même, mais plus rarement, par le Bacillus Amylobacter seul. Cela provient de la diversité de leur action parasitaire. Les Microcoques ont la faculté de pénétrer de cellule en cellule, en se multipliant aux dépens de leurs matières plasmatiques, mais ils n’attaquent ni leur membrane cellulosique, ni les grains de fécule que ces cellules renferment. Le tubercule reste donc ferme et résistant, malgré cette action désorganisatrice, dont on ne s’apercevrait pas, si les tissus de l’épiderme et du parenchyme frappés de mortification ne livraient passage à diverses Moisissures, telles que le Fusisporium Solani, le Spicaria Solani, qui trouvent un terrain tout préparé pour leur envahissement. L’humidité du parenchyme, maintenue par l’épiderme persistant, favorise le développement de ces parasites, et le tuber-

  1. Die Krankheiten der Kulturgewächse (1859).