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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/30

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16 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

rait confirmée par la présence, dans l’herbier de M. Lambert, d’un échantillon récolté par Pavon au Pérou, sous le nom de Patatas del Peru.

» M. Lambert suppose même que la Pomme de terre doit croître spontanément aussi bien sur les côtes orientales que sur les côtes occidentales et septentrionales de l’Amérique du Sud. Voici sur quoi se basait son opinion.

» Parmi les spécimens de l’herbier formé par Commerson, lorsqu’il accompagnait Bougainville dans son voyage autour du monde, se trouve une espèce de Solanum, recueillie près de Montevideo. M. Dunal (de Montpellier) ayant considéré cet échantillon comme appartenant à une espèce distincte du Solanum tuberosum, l’a nommée Solanum Commersonii et l’a décrite sous ce nom dans le Supplément à l’Encyclopédie[1], puis plus tard dans son Synopsis des Solanum. Or M. Lambert conjecturait que cet échantillon devait appartenir au type de notre Pomme de terre, et cela, par suite de renseignements qu’il avait reçus, d’abord de M. Balwin, un Botaniste américain, qui lui avait dit avoir trouvé le S. tuberosum à l’état sauvage, tant à Montevideo que dans les environs de Maldonado, puis du Capitaine Bowles, qui avait résidé très longtemps à Buenos-Ayres, et qui lui avait assuré que la Pomme de terre était une plante sauvage, commune dans les jardins et aux alentours de Montevideo.

» Les allégations ci-dessus confirment certainement l’existence, sur les bords du Rio de la Plata, d’une plante assez commune que M. Lambert croit devoir identifier avec le spécimen de Commerson ; mais la preuve qu’il s’agit bien du S. tuberosum, à l’encontre de l’opinion de M. Dunal, ne repose que sur les assertions du Dr Baldwin et du Capitaine Bowles ; il y manque ce témoignage plus probant, résultant de l’examen des échantillons de la plante, qui n’ont pas été produits par l’un ou l’autre de ces Messieurs.

  1. — Voici cette description : « Morelle de Commerson. Solanum Commersonii, Tige herbacée, velue ; feuilles velues, pinnées, presque lyrées ; fleurs en corymbe, terminales, à pédicelles articulés. — Toute la plante est couverte de poils simples ; elle a les plus grands rapports avec le S. tuberosum ; elle en diffère : 1o par ses feuilles profondément pinnatifides, comme celles de la Pomme de terre, mais dont les folioles sessiles ne sont pas alternativement inégales ; 2o par la foliole impaire, qui est très grande ; 3o par la corolle qui est à 5 divisions, non à 5 angles. La racine de cette plante est encore inconnue. »