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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

bercules, profitent de la mortification des cellules de cet épiderme et du tissu sous-jacent pour y pénétrer. Alors, ces filaments bruns se décolorent, deviennent hyalins en s’enfonçant dans les cellules mortifiées ; puis ils se rétrécissent peu à peu, au fur et à mesure de leur pénétration, de telle sorte que leur diamètre ordinaire, qui est d’environ 0,010 à 0,015 millièmes de millimètre, n’est plus que de 0mm,005 à 0mm,007, lorsqu’on les suit de cellule en cellule ». Or, c’est en les suivant ainsi, qu’il nous est arrivé de rencontrer, dans nos préparations microscopiques, des filaments transformés en une sorte de chapelet composé de renflements successifs ampulliformes. Ce chapelet remplit une cellule du tissu mortifié, de façon à rappeler assez bien une grappe de raisin blanc renfermée dans un sac. Il est constitué par un filament rameux qui s’est successivement renflé en ampoules sphériques transparentes, très rapprochées, d’où cette apparence de grappe qu’il forme.

Nous avons aussi rencontré des sclérotes de Rhizoctones dans des gangrènes sèches de Pommes de terre, et, dans des tubercules déjà attaqués par le Phytophtora, nous en avons vu le parenchyme complètement envahi et noirci par le Rhizoctone.

Il n’est pas besoin de recommander de ne pas employer pour semence des tubercules, si peu sclérotifères qu’ils soient, car c’est par ces sclérotes que se reproduit le Rhizoctone, comme nous en sommes assuré par expérience, après les avoir insérés dans les yeux de tubercules de Pommes de terre, mis en culture. Il est probable que les filaments du mycélium de ce Champignon doivent avoir la faculté de se rendre du tubercule-mère aux tubercules naissants.


§ 2. Maladie générale de la plante, destructive des feuilles, de
la tige et des tubercules.

En 1845, presque toute l’Europe s’émut à l’apparition d’un fléau désastreux : les tubercules de Pommes de terre que l’on récoltait partout étaient en majorité comme gangrenés, mous, parfois noirâtres et beaucoup même décomposés par une sorte de pourriture humide. Les cultivateurs navrés ne se donnaient même plus la peine de continuer l’arrachage, de faire le tri des tubercules restés sains, et ils abandonnaient leur récolte dans les champs. Aujour-