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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/310

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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

centre même de la Pomme de terre jaunit, brunit et se noircit. Quand la maladie poursuit sa marche, le tubercule devient humide à sa partie externe, puis il pourrit entièrement en répandant une odeur repoussante, et on peut alors assurer que s’il y a encore de la fécule dans le tubercule, cette fécule nage dans un fluide malsain dont il serait aussi dangereux que dégoûtant de faire usage…

» Tantôt quinze jours, tantôt trois semaines suffisent pour amener cette décomposition que je nomme la gangrène humide[1], parce que c’est une décomposition avec excès d’humidité du tissu de la plante.

» J’ai vu des fleurs et des fruits attaqués du même mal. Les fruits de la Pomme de terre attaquée deviennent aussi bruns, tachés et pourrissent de même que les tubercules.

» Des Pommes de terre de l’espèce dite Couveuse et qui ont produit des jeunes tubercules dans une cave sans avoir poussé une seule fane ont été attaqués. La liqueur brune, la sanie qui découlait de la Pomme de terre mère m’a servi à communiquer le mal aux petits tubercules qui peu à peu se détérioraient et noircissaient[2]. Ainsi donc, si dans la végétation habituelle, le mal va de la feuille à la tige, et de celle-ci aux tubercules, il peut néanmoins se communiquer de tubercule à tubercule. Ce fait est de la plus haute importance à noter par le commerce quand il s’agit d’aller chercher des tubercules dans un pays infecté et qu’on croit sain. Les tubercules amoncelés en fond de cale peuvent fort bien s’échauffer, fermenter, et, si le mal y est, pourrir.

» Le fait que je signale ici, je l’ai vu se répéter dans un grand nombre de localités différentes. À Wavre (Brabant) un autre fait s’est passé. On avait cultivé des Pommes de terre dans une serre fermée : les plantes étaient saines. On ouvrit un jour les châssis. Le soir, les plantes, étaient attaquées. Il ne s’agit point ici de température, mais de l’air qui avait apporté le miasme, et le miasme

  1. — Ce nom n’était pas heureusement choisi, parce qu’il caractérîsait déjà une maladie connue depuis longtemps. Puis Ch. Morren oubliait que les tiges et les feuilles étaient aussi bien malades que les tubercules, sans pour cela se ramollir comme ces derniers.
  2. — Il y a lieu de faire remarquer que rien ne prouve que cette contamination soit due au Champignon parasite qui cause la maladie spéciale dont parle Ch. Morren. Certaines Bactériacées produisent le même résultat.