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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/311

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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

qu’est-ce ? si non un corps très petit, des sporules (graines) d’un Champignon.

» On peut ne pas être de mon avis, mais je dois persévérer plus que jamais dans celui que j’ai émis avant et dès l’invasion du mal. De tout ce qu’on a écrit sur cette matière, rien n’a pu ébranler ma conviction ; au contraire : une foule de faits, un ensemble imposant de preuves sont venus de toute l’Europe et de l’Amérique même me convaincre que je ne me suis pas trompé. Le grand cri, lancé après ma lettre du 18 Août : Le Champignon est l’effet du mal et non sa cause, s’est réduit à n’être qu’un cri, c’est-à-dire un peu de bruit dans l’air. Un cri n’est pas une vérité !

» Il est fort important de connaître la cause du mal, parce que cette cause étant déterminée, on peut prendre des moyens pour l’éloigner ou la détruire.

» Sans cette connaissance on erre dans le vague, on hésite, on doute, et pendant ce doute le mal fait des progrès.

» La cause du mal réside selon moi dans un petit Champignon du genre des Moisissures et que les savants appellent un Botrytis.

» Quand on examine à la loupe le dessous d’une feuille de Pomme de terre malade, on voit entre les poils une masse de filets qui pendent comme d’épais buissons, et sur ces filets des milliers de petits corps de la forme d’œufs. Dans ces œufs qui sont des fruits, se trouvent de très petits corpuscules, et ces milliards de semences peuvent propager le Botrytis très vite et très loin. La raison humaine ne saurait se rendre compte ni de cette vitesse, ni de cette facilité à se répandre. Il est très probable que des millions de ces Champignons peuvent se former en une minute, et, les fruits n’égalant pas la centième partie d’un millimètre, on conçoit facilement comment le moindre vent peut les transporter au loin.

» Or, quand ce Champignon a attaqué la plante de la Pomme de terre, il empoisonne sa sève… Cette sève malade y produit ces taches noires qui sont des mortifications comme dans la gangrène… La gangrène qu’elle produit se communique aussi au tubercule, qui commence à se gâter par l’écorce, puis noircit, pourrit et tombe en putrilage infect.

»… Il est infiniment probable que le Botrytis est originaire de l’Amérique même et qu’il nous aura été apporté par quelque intro-