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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/323

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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

Indiens n’en sont alarmés, quoiqu’ils se nourrissent principalement de Pommes de terre.

« Personne, mieux que vous, ne connaît la constitution météorologique de notre pays, et vous savez que des deux saisons de pluies que nous avons, il y en a toujours une qui est plus abondante. Ainsi, lorsque les pluies continuelles et les inondations ont nui à la récolte première de l’année, la seconde vient presque toujours compenser le déficit.

» Au moment de vous envoyer cette note, on m’apporte quelques Pommes de terre gâtées par la maladie qui s’est répandue dernièrement en Europe, et que j’avais demandées pour pouvoir décider si c’est la même à laquelle elles sont sujettes dans leur terre natale. L’aspect extérieur de celles que je viens d’examiner diffère de celles de Bogota, car elles ne présentent aucune espèce d’altération ou excrescence extérieure ; mais la nature de l’altération intérieure me paraît être identique ».

De son côté, Alcide d’Orbigny faisait lui-même une Communication sur le même sujet à la Société centrale d’Agriculture, en 1846. Nous extrayons les passages suivants de sa Communication qui est intitulée : Note sur la Pomme de terre et sa maladie.

« L’Agriculture n’étant pas le sujet de mes études spéciales, je viens seulement vous parler de la Pomme de terre comme un voyageur qui, dans ses longues et lointaines pérégrinations (dans l’Amérique du Sud), a cru ne pas devoir négliger d’apprendre, chez les peuples qu’il visitait, tout ce qui pourrait un jour être utile à sa patrie.

» Si la culture du Blé et des autres Céréales a pu exercer une immense influence sur l’agglomération et la civilisation des peuples de l’Ancien Monde, on doit également à la culture de la Pomme de terre et du Maïs sur les Cordillères de l’Amérique méridionale la réunion de ces grandes Sociétés qui bâtirent les anciens monuments de la Bolivia, et servirent de souche au gouvernement monarchique et religieux des Incas. La Pomme de terre, connue des nations aymaras et quichua sous le nom de Papa, y était cultivée depuis les temps les plus reculés, et a toujours formé la base de la nourriture de tous les habitants des régions tempérées des Andes boliviennes et péruviennes. Les ouvrages des premiers historiens espagnols du temps de la conquête, tels que Garcilaso de