Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/322

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
308 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

de nos correspondants ont montré, en effet, que les produits des semis de graines récoltées avant 1844 et venues de diverses contrées ont subi les atteintes du mal en 1847 et en 1848. La méthode de culture hivernale[1] de M. Changarnier, en changeant l’époque de la récolte ainsi devenue hâtive, a fait échapper les tubercules à l’invasion automnale de la Maladie. Cette méthode, expérimentée par plusieurs horticulteurs, en France et en Angleterre, a donné les mêmes résultats favorables ; mais il convient de rechercher si la culture hivernale peut s’introduire économiquement dans la grande culture ».

Toutefois, une autre question se posait dont on ne pouvait alors soupçonner l’importance, étant donné que la croyance à la Maladie spéciale avait à peu près fait oublier l’influence du parasitisme, mais qui, aujourd’hui que les opinions se manifestent en sens contraire, ne laisse pas d’avoir un grand intérêt. Il s’agissait de savoir, en effet, si le mal ne préexistait point dans les pays d’origine de la Pomme de terre avant d’envahir l’Amérique du Nord et l’Europe. Or, nous trouvons à cette époque, en 1845 et 1846, deux documents fort instructifs sur ce point.

Le 17 Novembre 1845, Boussingault communiquait à l’Académie des Sciences la lettre suivante de M. Joachim Acosta sur la maladie des Pommes de terre dans la Nouvelle-Grenade.

« La maladie dont les Pommes de terre sont atteintes sur le plateau de Bogota, dans les années pluvieuses, et même tous les ans dans les lieux humides et marécageux, est une espèce de Champignon ou excrescence qui se développe sur différents points et qui corrode plus ou moins profondément ces tubercules. Cependant, ce qui reste, après avoir ôté les parties gâtées, est encore employé comme aliment, quoique cette substance soit alors loin d’être aussi bonne comme nourriture, que le sont les Pommes de terre saines.

» Vous savez mieux que moi que les Pommes de terre sont indigènes sur les plateaux des Andes, et je ne doute point que la maladie dont je vous ai parlé a toujours été connue ; mais jamais les

  1. — Cette méthode de culture automnale ou hivernale avait été préconisée par Ch. Morren dans ses Instructions populaires précitées. Nous y reviendrons dans un autre Chapitre.