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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/325

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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

viens, est venue seule en Europe, sans les connaissances agricoles qui la concernent, je me félicite de pouvoir les faire connaître en donnant quelques détails, sur une maladie très connue au Nouveau-Monde, qui a détruit, momentanément en Europe, la sécurité dans laquelle on vivait relativement à cette précieuse racine, maintenant une seconde providence contre les horreurs de la famine. J’ai effectivement appris des habitants de la Bolivia le nom de la maladie de la Pomme de terre, les causes de cette maladie, les moyens de les prévenir, les symptômes extérieurs de la maladie lorsque la plante en est atteinte, les moyens de la guérir avant que les tubercules ne soient attaqués…

» Nom de la maladie. — Les indigènes aymaras des environs de la ville de La Paz, en Bolivia, connaissent depuis l’antiquité la plus reculée, la maladie qui a sévi, cette année, en Europe contre la Pomme de terre, et la nomment casagui. Cette maladie règne principalement sur le versant est de la Cordillère orientale, où les pluies sont plus abondantes.

» Causes de la maladie. — L’expérience a prouvé aux cultivateurs boliviens que la maladie en question provient de l’excès d’humidité de la terre dû à l’action prolongée des pluies et des temps couverts, à l’instant de la seconde période d’accroissement des Pommes de terre, c’est-à-dire au moment où le tubercule a pris la moitié de sa grosseur ordinaire. Trop souvent les habitants des montagnes boliviennes en ont la preuve, quand, par exemple, ils cultivent un champ au pied d’un coteau dont une partie est en pente et l’autre unie dans le fond de la vallée ; car alors il n’y a jamais que la partie inférieure du champ, toujours la plus humide, qui soit susceptible de gagner le casagui, tandis que la partie supérieure, où l’eau ne peut séjourner, en est toujours exempte ; néanmoins, ayant à lutter contre l’action glacée des vents du sud sur les coteaux et du casagui dans le fond des vallées, ils sèment ordinairement dans deux conditions, afin d’avoir une bonne récolte sur les coteaux, lorsqu’ils n’éprouvent pas de grandes gelées, ou dans les plaines lorsque l’année n’est pas pluvieuse. Pour eux l’excès de l’humidité est regardé comme la seule cause de la maladie des Pommes de terre : ce qui, du reste, serait en rapport avec la surabondance des pluies éprouvée cette année en Europe.

» Moyens de prévenir la maladie de la Pomme de terre. — Les