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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

causes de la maladie étant bien connues, il est très facile de la prévenir, soit en choisissant les meilleures terres, la configuration naturelle du sol la plus propre à cette culture, soit en disposant artificiellement le terrain de manière à les préserver de la trop grande humidité. La Pomme de terre, on le sait, vient beaucoup mieux dans les terres légères ou les terres sablonneuses ; aussi les Boliviens choisissent-ils celles-ci de préférence. Lorsqu’ils habitent des vallées assez tempérées pour ne plus redouter l’action des gelées, afin d’éviter le casagui, ils sèment la Pomme de terre seulement sur les terrains en pente, où l’eau ne peut séjourner, en prenant le plus grand soin d’éviter les lieux trop humides ou les terres trop argileuses…

» Des symptômes extérieurs de la maladie. — Si la maladie des Pommes de terre n’avait attaqué que le tubercule, il eût été difficile de s’en apercevoir et d’y porter remède ; heureusement que, avant d’avoir fait ses ravages sur la racine, elle se manifeste très bien sur la plante elle-même. L’excès de l’humidité produit effectivement sur les feuilles une espèce d’étiolement qui en change la teinte ; le vert glauque de la plante devient vert jaunâtre d’autant plus intense que l’action de la maladie se fait sentir avec plus de force. Jamais un cultivateur bolivien ne se trompe sur leur aspect extérieur, et souvent un champ qui occupe, comme je l’ai dit, le pied encore en pente d’un coteau et le fond de la vallée montre à la fois les deux teintes tout à fait tranchées qui indiquent positivement au laboureur jusqu’où s’étend le mal redouté sur les parties les plus basses de la plantation.

» Une personne très distinguée de Bolivia, que je me plais à citer, M. don Antonio Acosta, consul général de cette république à Londres, en parcourant l’Angleterre, a également reconnu comme moi, à l’aspect jaunâtre des champs, l’identité parfaite de la maladie des Pommes de terre d’Europe avec le casagui des Boliviens.

« Des moyens de guérir la maladie avant que les tubercules de la Pomme de terre ne soient attaqués. — Les causes morbides de la maladie des Pommes de terre étant déterminées, non seulement on peut les prévenir, mais encore les arrêter dans leurs progrès, et souvent même les faire entièrement disparaître, lorsqu’on agit avec prudence et dans les circonstances les plus favorables. L’excès