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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

qui peuvent se développer et vivre aux dépens du tubercule malade, alors qu’il en exclut le Botrytis infestans, qu’il baptise bien inutilement du nouveau nom de Botrytis Solani. Ce mémoire, plus riche en citations qu’en découvertes, aboutit à cette conclusion « que la cause spécifique de la maladie, si elle a existé, ne saurait être cherchée ni dans les végétaux parasites, ni dans les animaux parasites ». C’était avouer qu’après tous les travaux de l’auteur, la solution de la question du Botrytis n’avait pas fait un pas.

Payen, qui, on l’a vu plus haut, était partisan d’une action parasitique dans cette affection spéciale, affirmait cette opinion dans un petit Traité sur les maladies de la Pomme de terre et d’autres plantes cultivées paru en 1853.

« La maladie des Pommes de terre, disait-il, est occasionnée par une végétation parasite, sorte de moisissure légère, dont les semences, spores ou sporules, d’une excessive ténuité, flottant dans l’air en nombre immense, à certaines époques, sont transportées par les vents à toutes les distances. Disséminées irrégulièrement ainsi sur les champs en culture, elles se développent chaque année durant la même saison, au fur et à mesure que les circonstances atmosphériques deviennent favorables dans chaque localité, et que la plante s’affaiblit naturellement vers l’époque de sa maturité…

» Le développement presque subit se manifeste aussitôt par la production de la moisissure qui attaque les feuilles et se montre dans leurs stomates. Sa fructification ou sa graine se reproduit rapidement en quantité prodigieuse ; l’air en mouvement entraîne de nouveau ces légers corpuscules comme les plus fines poussières…[1].

  1. — Il est vrai que Payen reconnaissait aussi une autre cause à la maladie des Pommes de terre, car il l’attribuait plus loin à une substance rousse parasite, assez mal définie, qu’il devait mieux caractériser à propos d’une grave maladie des Betteraves, laquelle avait fait perdre 20 millions de kilog. de sucre, en 1851, aux environs de Valenciennes, et dont il parlait dans le même ouvrage. C’était, suivant lui, une substance organique, rousse orangée, d’une consistance muqueuse, qui produit les effets du parasitisme. Or, cette substance parasitaire, qu’il signalait ainsi dans les Pommes de terre et les Betteraves, n’était rien autre que le Pseudocommis. Il se trouve ainsi être le premier auteur qui ait signalé, sans en avoir une idée bien nette il est vrai, ce Champignon muqueux ou Myxomycète dont nous commençons seulement à connaître les effets destructifs dans nombre de végétaux.