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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/327

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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

de l’humidité causant le mal, il faut chercher à le combattre activement, et c’est encore à quoi les cultivateurs boliviens réussissent parfaitement avec les moyens les plus simples et les plus faciles. Comme ils ont remarqué que la terre battue par la pluie forme une croûte extérieure qui empêche l’humidité de s’évaporer, lorsqu’ils ont reconnu, à la couleur jaunâtre des feuilles de la plante, que la maladie existe, ils attendent que la direction des vents régnants leur indique une série probable de beaux jours ; alors ils donnent un labour profond au champ de Pommes de terre, de manière à laisser agir avec plus de force les rayons solaires sur la terre fraîchement remuée, ou déchaussent un peu la plante ; s’ils obtiennent quelques belles journées, l’action morbifique s’arrête et ne se communique pas aux tubercules, qui seulement prennent moins de volume, mais perdent la maladie, qui continuerait sa marche si on ne l’arrêtait dans ses rapides progrès… ».

Cette Note est très instructive à divers titres, surtout au point de vue historique. Quant aux moyens préventifs employés par les Boliviens pour diminuer ou arrêter les progrès de la maladie, il ne paraît pas qu’on les ait mis à profit en Europe où d’ailleurs les cultures ne se font pas de la même façon que sur les Andes.

À cette époque où la maladie sévissait le plus cruellement, on s’est fortement préoccupé de ne pas laisser perdre sur place la partie de la récolte qui se trouvait avariée. Plusieurs savants se sont dévoués pour faire sur leurs personnes l’essai de la consommation des tubercules altérés, après cuisson préalable. Ils en ont ainsi reconnu l’innocuité, masquée par une saveur des plus désagréables. Par suite, on n’a pas hésité à conseiller d’en faire usage pour le bétail. Enfin, lorsque ces tubercules conservaient de la fécule, on réussissait encore à en retirer cette fécule ou à les faire servir à la distillerie. Ces pratiques, de nos jours, n’ont plus grand intérêt. Aussi, sans nous y arrêter davantage, reprenons-nous l’histoire de la Maladie même et en particulier celle du parasite, que l’on va bientôt reconnaître pour en être la véritable cause.

Nous ne nous arrêterons pas au Mémoire publié par Harting à Amsterdam, en 1846, sous le titre de Recherches sur la nature et les causes de la maladie des Pommes de terre en 1845. Malgré des recherches nombreuses et très minutieuses, cet auteur n’est en somme arrivé qu’à signaler les différentes espèces de Champignons