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20 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

de végétation. Ils ne produisirent d’abord que peu de fleurs, mais lorsque les tiges furent buttées, ils prirent de la force et alors ils se couvrirent de fleurs, mais ne donnèrent point de fruits. Nous avons fait faire le dessin d’une branche par Miss Cotton et nous l’avons fait graver. La fleur en était blanche et ne différait en aucune façon de celles de ces variétés de la Pomme de terre ordinaire qui ont les fleurs de cette même couleur. Nous avons comparé les feuilles à celles de plusieurs variétés de la Pomme de terre cultivée et nous avons pu constater que si celles-ci avaient en général la face supérieure plus rugueuse et inégale, avec des nervures plus fortes et plus apparentes sur la face inférieure, il n’y avait en somme aucune différence entre elles. Les foliolules qui se développent de chaque côté de la nervure médiane, entre les grandes folioles des feuilles, étaient rares, en aussi petit nombre que celles de quelques variétés de la Pomme de terre cultivée ; mais comme nous avons pu constater, chez d’autres variétés, que leurs feuilles étaient privées de ces foliolules, il nous a paru que la présence de ces organes appendiculaires n’est pas un caractère aussi essentiel qu’on l’avait supposé, et ainsi qu’on l’avait établi dans le Supplément de l’Encyclopédie.

» Le buttage des tiges avait exigé une grande quantité de terre, de manière à former une sorte de monticule qui s’élevait jusqu’à deux pieds de haut : or, vers le mois d’Août, des rejets, provenant des racines et des nœuds des tiges ainsi recouvertes, se firent jour en grand nombre à travers la surface du monticule, et dès qu’ils se trouvèrent exposés à la lumière ils émirent beaucoup de branches, portant feuilles et fleurs, si bien qu’à la fin les deux touffes constituèrent une quantité de pieds, différents en apparence, se développant de tous côtés. L’aspect de ces grosses touffes faisait naître un doute sur l’identité de la plante avec notre Pomme de terre ordinaire ; ce doute augmenta lorsque l’on constata, vers la fin du mois d’Août, qu’aucun tubercule ne s’était formé sur les racines. Les rejets ne différaient pas cependant sensiblement de ceux qu’on observe sous terre sur la Pomme de terre cultivée : ils étaient seulement en plus grand nombre et plus vigoureux.

» Mais nous venons de faire déterrer les plants, et je puis dire que tout doute à leur égard doit être écarté. C’est bien certainement le Solanum tuberosum. Les tiges principales avaient une