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TYPE SAUVAGE DE LA POMME DE TERRE 21

longueur de plus de sept pieds ; quant au produit, il était très abondant : on recueillit sur les deux plants environ six cents tubercules. Ceux-ci sont de grosseur variable, quelques-uns aussi gros ou plus gros qu’un œuf de pigeon, les autres aussi petits que les tubercules-mères, quelque peu anguleux, mais plus ronds qu’oblongs. Très peu d’entre eux sont blancs, d’autres son marqués de taches d’un rouge pâle ou de taches blanches. Nous en choisîmes deux, parmi ces derniers, pour les faire dessiner. Leur saveur, après la cuisson, était exactement celle d’une jeune Pomme de terre.

» Le compost employé pour le buttage des plants était très saturé d’engrais : j’attribue à cette circonstance la luxuriante végétation des tiges. Si l’on eût employé de la terre ordinaire pour le buttage, elles ne seraient probablement pas devenues si fortes, et je présume que pendant cette grande émission de tiges et de feuilles, il y avait retard dans la formation des tubercules, car la production de ces derniers n’a eu lieu que dans la dernière partie de la saison ; et l’on ne peut pas dire qu’ils sont en parfaite maturité, parce qu’ils auraient pu devenir plus gros s’ils avaient commencé plus tôt à se développer.

» On pourra toutefois s’en servir utilement pour la reproduction (ou pour semence, s’il m’est permis de me servir d’une expression technique), et il y en a en suffisante quantité pour qu’on puisse les traiter comme on le fait d’une récolte ordinaire de Pommes de terre. En tous cas, il sera nécessaire d’attendre les résultats d’une autre année d’expérience pour nous permettre de nous rendre tout à fait compte des mérites et de la valeur de cette nouvelle introduction. Du reste, nous avons déjà constaté des changements qui nous font bien augurer des effets d’une culture appropriée : la production très abondante des tubercules, la perte de toute l’amertume de leur saveur naturelle, l’augmentation notable de leur volume ; ce qui, par suite, me porte à croire qu’à l’origine de la culture de ce végétal, on ne s’était pas appliqué à donner des preuves de beaucoup d’art et de patience pour obtenir dans les jardins la production des Pommes de terre. »

Vingt-trois ans après, J. Lindley devait confirmer pleinement l’opinion de M. Sabine que la Pomme de terre sortie des tubercules de M. Caldcleugh était bien le type sauvage du Solanum