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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

« Ayant semé, dit De Bary, le P. infestans sur la Douce-amère (Solanum Dulcamara), je vis le mycélium s’étendre dans le parenchyme, mais les rameaux conidifères ne vinrent que rarement et furent très ténus et très pauvres. Sur la Morelle noire (Solanum nigrum), je n’obtins pas de zoosporanges du tout, quoique le mycélium du parasite eût pris possession du parenchyme des feuilles…

» Les tubercules malades de la Pomme de terre contiennent toujours le mycélium du Peronospora infestans, qui n’y fructifie jamais tant que la pelure du tubercule est intacte. Mais quand, en coupant le tubercule, on expose le parenchyme occupé par le mycélium au contact de l’air, il se recouvre de rameaux conidifères au bout de 24 à 48 heures. Des résultats analogues s’obtiennent avec les tiges de la Pomme de terre…

» Les conidies (ou zoosporanges) possèdent la faculté de germer dès le moment de leur maturation. Plus elles sont jeunes, plus elles germent promptement. Elles peuvent conserver la faculté de germer pendant quelques jours ou pendant quelques semaines, quand elles ne sont pas entièrement desséchées. J’ai vu des conidies du P. infestans produire des zoospores environ trois semaines après leur maturation ; elles avaient été conservées sur les feuilles de la plante hospitalière qui ne se desséchaient que lentement.

» Le 9 Février, à cinq heures du soir, des conidies furent semées dans de l’eau répandue sur des lames de verre. On y mit des tiges coupées de Pomme de terre et on les plaça dans une chambre chauffée. À sept heures quinze minutes, les zoospores étaient développées, et avaient poussé des tubes. Le matin du 10 Février, on les trouva pénétrées dans le tissu de la Pomme de terre ; le 11 Février, le mycélium était répandu abondamment dans les canaux intercellulaires du parenchyme : on l’y trouve à une profondeur de six couches de cellules. Le 14 Février, le mycélium a parcouru le parenchyme entier ; de nombreux rameaux conidifères s’élèvent à la surface. Beaucoup d’expériences semblables ont donné le même résultat. Je n’en citerai que deux. Des sporanges, semés à midi, émettent les zoospores à une heure. À trois heures, on voit celles-ci fixées sur l’épiderme et les tubes-germes déjà enfoncés dans la paroi des cellules. Le 4 Février, on sema des conidies sur des feuilles de Pomme de terre. Le 5, la pénétration des germes