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SA CULTURE

ques exceptions près, retrouver dans sa descendance. J’ai été conduit, en un mot, à penser qu’à chacun des tubercules provenant d’un sujet à riche récolte devait appartenir, sinon absolument, du moins dans une large mesure, la faculté de fournir, lui aussi, une récolte abondante, à penser également que, dans les tubercules provenant d’un sujet pauvre, cette faculté ne devait pas se retrouver. L’expérience m’a montré qu’il en était bien ainsi ». Il conclut ensuite, de ses expériences, « que le cultivateur doit prendre ses plants au pied des sujets qui, eux-mêmes, ont fourni un rendement élevé ».

Enfin, considérant « qu’à toute végétation vigoureuse correspond un rendement abondant ; à toute végétation grêle, au contraire, un faible rendement », M. Aimé Girard conclut définitivement en ces termes : « La question du choix du plant se trouve ainsi résolue : le cultivateur le doit prendre parmi les tubercules moyens, que mettent à sa disposition les pieds les plus vigoureux de sa récolte ».


II. — MULTIPLICATION PAR LE SEMIS DES GRAINES


La Pomme de terre peut se reproduire de diverses façons, mais principalement par la plantation de ses tubercules ou par le semis de ses graines. Ce dernier mode a été connu, dès son introduction en Europe. En effet, Charles de l’Escluse en parle déjà, en 1601, comme nous l’avons vu plus haut. « Je n’ai, dit-il, jamais fait d’expériences sur les graines ; mais j’ai appris par d’autres personnes que, dans la même année, elles donnent aussi des fleurs dont la couleur paraît différer de celles de la plante-mère. Ainsi, mon ami Jean Hogheland m’écrivait que les pieds, qui étaient sortis de la semence que je lui avais envoyée, avaient donné des fleurs toutes blanches, mais qu’il avait constaté que ces pieds qu’il avait déterrés à la même époque où l’on déterre ceux qui ont été produits par des tubercules, n’avaient encore développé aucun de ces derniers, peut-être parce que les tiges n’avaient pas encore atteint leur maturité ». Plus tard, Miller nous a fait connaître, dans l’édition de 1768 de son Gardener’s Dictionary, que le semis des graines était déjà pratiqué en Angleterre, pour obtenir des Pommes de terre plus hâtives. « Dans ce but, dit-il, les jardiniers de Manchester ont fait