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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/381

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SA CULTURE

qui y étoient destinés ; et quand ils ne seroient bons qu’à cela, ce seroit encore beaucoup, puisque la quantité de tubercules nécessaire à la plantation d’un arpent ou demi-hectare, est dans le cas de suffire à la nourriture de deux hommes pendant une année.

» Quoique en général les tubercules provenus de semis ne soient pas d’un gros volume, et que le produit total soit de beaucoup inférieur à celui qu’on obtient par la méthode ordinaire, il n’est cependant point à dédaigner. D’après plusieurs expériences, on pourrait l’évaluer à 50 setiers par arpent[1], et il seroit susceptible de s’élever plus haut au moyen d’une culture très soignée. En 1813, on a présenté à la Société un pied provenu du semis de la Grosse jaune, consistant en 27 tubercules, dont un du poids de 10 onces, et en total du poids de 4 livres et demie ; on a même cité des exemples encore plus remarquables, tels qu’un tubercule du poids de 25 onces[2] provenant du semis de la Grosse blanche commune. D’ailleurs, tous les tubercules obtenus de semis jouissent d’une telle énergie vitale, que, quelque petits qu’ils soient, ils peuvent être employés avec avantage à la plantation.

» Ce n’est donc point ici un essai que l’on conseille aux cultivateurs, c’est l’emploi d’une pratique consacrée par l’expérience. Au surplus, s’ils conservent à cet égard quelques doutes, s’ils craignent de voir leur récolte diminuée par l’emploi d’un procédé nouveau, que, sans préjudicier en rien à leur plantation ordinaire, sans diminuer la quantité de terre qui y est annuellement consacrée, ils établissent, soit dans leur jardin, soit dans un coin de leur champ, une pépinière en semis ; que les produits de ce semis soient plantés sur un morceau de terre que sans cela ils eussent négligé ou laissé en jachère, ils n’auront point à se reprocher d’imprudence, et ils s’applaudiront au contraire d’avoir obtenu un surcroît de provisions inattendu. Utilité publique, intérêt particulier, tout les engage donc à faire des semis de Pommes de terre ; mais comme cette graine n’est point encore dans le commerce, il faut que chacun d’eux se procure la sienne, ce qui n’est pas bien difficile, puisqu’il ne s’agit que de ramasser les baies ou fruits, qui se per-

  1. — L’arpent de Paris équivaut à 3 419 mètres carrés, et 50 setiers = 78 hectolitres.
  2. — Environ 765 grammes.