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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/382

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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

dent dans son champ. Il est urgent de faire cette récolte, une partie de ces fruits est déjà tombée à terre, une autre est prête à tomber, et en peu de temps ils deviendroient la proie des insectes, ou la pluie et la gelée les feroient disparoître. On devra choisir les plus mûrs : on les reconnaîtra à leur couleur blanche grisâtre, et à une odeur particulière assez agréable qu’ils exhalent alors ; mais, faute de mieux, on les ramassera tels qu’ils se trouveront ; quoique imparfaitement mûrs, une partie de leurs graines auront cependant la faculté de germer ; on en sera quitte pour, dans ce cas seulement, semer un peu plus dru, ce qui sera fort aisé, chaque fruit pouvant contenir jusqu’à 300 graines. La récolte faite, on peut suspendre ces fruits par la queue dans un lieu sec, ou les y étaler sur des tablettes, et c’est le parti que l’on devra prendre dans le cas d’une maturité imparfaite ; ils la compléteront ainsi insensiblement, et au printemps quand on voudra les employer, s’ils sont secs, on les écrasera avec un léger marteau, les graines se sépareront aisément, ou bien on les mettra ramollir dans l’eau, et on les traitera comme nous allons l’indiquer plus bas ; car cette méthode n’étant guère bonne que pour en préparer de petites quantités, en grand on devra préférer la suivante, mais seulement lorsque les fruits sont bien mûrs. Les fruits, aussitôt après leur récolte, seront écrasés dans les mains, lavés à grande eau pour détruire la viscosité de la pulpe qui entoure les graines, à l’aide si l’on veut d’un tamis ; l’eau passe à travers chargée du suc visqueux et y dépose la graine ; on l’y ramasse, on l’étale sur une toile ou sur une feuille de papier gris, on la fait sécher à l’air ou dans un endroit sec, à l’abri des souris, qui en sont très friandes : on la met ensuite en sac jusqu’au moment de la semer. Cette graine conserve pendant plusieurs années sa faculté germinative.

» Le choix des espèces[1] de Pommes de terre sur lesquelles on récolte la graine n’est pas indifférent ; quoiqu’elles soient sujettes à varier beaucoup par le semis, cependant elles retiennent toujours quelque chose de leur race ; et comme il s’agit ici d’avoir le plus grand produit possible, on devra prendre les graines sur les espèces les plus vigoureuses ; ainsi, sans cependant en proscrire aucune, on devra préférer celles indiquées dans le Catalogue de la

  1. — C’est-à-dire des variétés.