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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/392

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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

L’obtention de cette hybride date déjà d’une quarantaine d’années et les résultats de sa culture ont été en somme peu satisfaisants. Grâce à l’obligeance de M. de Vilmorin, qui l’a conservée dans sa collection, nous avons pu la cultiver et en suivre le développement. La plante fleurit très bien, mais les fleurs restent stériles : les tubercules sont petits et ne paraissent pas susceptibles d’être pratiquement utilisés. On ne peut la considérer que comme exemple curieux d’une plante hybride dont les tubercules assurent la conservation.

M. Blanchard parle, dans la Revue horticole (1885), d’essais d’hybridation qui avaient été faits sur le Solanum Ohrondii avec le S. tuberosum. À cette époque, on avait constaté que le S. Ohrondii restait toujours stérile. Il était réservé à M. Heckel d’en obtenir des baies avec graines, en 1896, en faisant cultiver la plante au Jardin botanique de Marseille. On peut dire qu’il y avait alors intérêt à essayer de féconder ce Solanum avec notre Pomme de terre, en raison surtout des tentatives de cultures qui étaient faites avec le S. Ohrondii. Voici ce que dit M. Blanchard, à ce sujet.

« La fécondation de l’Ohrondine, comme la désignent les cultivateurs bretons, par elle-même, ne nous ayant pas réussi, nous avons été obligé d’avoir recours au S. tuberosum, qui est l’espèce avec laquelle elle a le plus d’affinités. M. Pondaven en essaya plusieurs variétés et celle qui lui donna les meilleurs résultats fut la variété connue en Basse-Bretagne sous le nom de Pomme de terre plate, qui est communément cultivée à Pont-l’Abbé, Roscoff, Plougastel, etc. Il obtint de cette fécondation trois à quatre baies assez chétives qui, à l’exception d’une, disparurent au bout d’une quinzaine de jours : une seule arriva à peu près à sa grosseur naturelle et donnait les plus belles espérances ; mais la plante qui l’a produite arriva au bout de sa période végétative avant que le fruit ait atteint sa maturité. En voici la description : Pédicelle grêle, très allongé, réfléchi, articulé vers le milieu, velu. Baie ovale, oblongue-obtuse, de 8 millimètres de long sur 3 mill. de large, brun vert olive, glabre ».

Le fruit normal du S. Ohrondii diffère de celui de cette hybride : il est allongé, presque cylindrique, d’un beau vert, et ne ressemble pas non plus à celui du S. tuberosum. Il se rapprocherait plutôt de celui du S. Commersonii.