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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

lent à celui d’une Pomme de terre ordinaire, soit dans son apparence, dans son rendement et dans ses qualités. Et cependant cette plantule est aujourd’hui cultivée depuis huit ans ; mais en 1894 elle a été légèrement atteinte par la maladie, à laquelle elle avait pour dire échappé jusque-là ». M. Blanchard avait constaté qu’à Brest le S. Maglia est éprouvé par la maladie, autant, sinon plus que le S. tuberosum ; nous avons eu l’occasion de faire la même constatation : il est donc à présumer que, sous ce rapport, l’obtention ne sera pas de grande valeur. Et comme, d’après M. Arthur Sutton, le produit obtenu n’est pas comparable à une Pomme de terre ordinaire, il n’y a pas grand espoir non plus d’en voir sortir la race rustique et vigoureuse qu’on espérait.

Nous n’avons pas entendu dire qu’il ait été fait de nouveaux essais d’hybridation entre le S. tuberosum et d’autres espèces voisines, ou bien, s’il en a été fait, que ces essais aient donné des résultats appréciables ou satisfaisants. Il est à croire, toutefois, qu’on pourra difficilement par ce procédé obtenir des produits estimables. En effet, le S. tuberosum est un type vigoureux, à tendances variables améliorantes, d’une organisation assez puissante pour produire à la fois des fruits et des tubercules volumineux, faculté qu’il ne perd que par suite d’une trop grande précocité dans la formation de ses tubercules ; les autres espèces voisines, au contraire, sont de leur propre nature faibles, débiles, ou bien stériles, stolonifères, ne développant que de petits tubercules, peu nombreux. Vraiment, la comparaison leur est tellement défavorable que l’on doit s’attendre, en les hybridant avec le S. tuberosum, à diminuer la vigueur de ce dernier, ou bien en hybridant le S. tuberosum avec elles, à créer inutilement des types nouveaux sans valeur culturale.

Tout autre se présente la fécondation croisée entre variétés du S. tuberosum. Les croisements y promettent d’abord des résultats plus faciles à obtenir et plus productifs. On peut essayer, avec espoir de succès, d’améliorer de certaines variétés, de leur infuser pour ainsi dire un sang nouveau, de modifier leurs tendances à ne produire que tard leurs tubercules, en leur donnant plus de précocité, de leur communiquer même des qualités qu’elles n’avaient point. Malgré cela, les difficultés de l’opération de cette fécondation artificielle sont encore assez grandes et les résultats