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SA CULTURE

crois pas que nos savants anglais soient convaincus qu’elle soit possible, même aujourd’hui. C’est un fait, néanmoins, bien qu’elle ne réussisse pas 99 fois sur 100, soit que le type originel se perde, soit que les greffes ne prennent pas. Dans mes expériences faites en vue d’améliorer une variété par la Greffe, je n’ai eu qu’un seul succès en obtenant une forme plus naine et une précocité d’environ trois semaines dans sa maturité, en comparaison du tubercule greffé. Mais le jeu de la Greffe de la Pomme de terre ne vaut pas le nombre d’années qu’elle exige, pour courir la chance d’obtenir une heureuse modification ! »

On le voit, il s’agissait d’arriver à améliorer certaines variétés par la Greffe. C’est aussi le but que vont se proposer d’atteindre de nouveaux expérimentateurs. En 1878, M. Vavin publiait, dans le Journal de la Société d’horticulture de France, un Mémoire sur la Greffe des Pommes de terre, dont la partie historique nous a fourni les renseignements que nous avons donnés au commencement de cet article. Dans ce mémoire, M. Vavin expliquait son procédé. À l’aide d’un cylindre métallique creux, formant emporte-pièce, il enlevait tous les yeux d’une Pomme de terre, en la traversant de part en part : il obtenait de la sorte des cylindres formés de tissu cellulaire, sur chacun desquels se trouvait un bourgeon, et il introduisait ces cylindres dans de pareilles cavités faites dans un autre tubercule avec le même emporte-pièce. « Je n’ai malheureusement pas toujours réussi dans mes essais, dit M. Vavin, mais il s’opérait le plus souvent un changement très remarquable dans la forme et la couleur des types dont je m’étais servi : le plus souvent les métis sont marbrés, panachés, rubanés ; dans certains cas, la coloration de chaque partie du tubercule est différente ; dans d’autres, la teinte est uniforme, homogène et semble provenir du mélange de la couleur de chacune des variétés ; parfois, la Pomme de terre est jaune et ses yeux sont entourés d’une aréole rouge ou violette ».

M. Vavin ajoutait qu’il avait obtenu, en 1867, une variété rubanée, qui produisait beaucoup, et faisait observer que les Pommes de terre obtenues par le greffage sont généralement plus tardives que celles dont elles proviennent, mais que le rendement en est beaucoup plus considérable et la végétation plus vigoureuse.

En 1886, le Gardener’s Chronicle publiait un article de M. Vor-