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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

que glands de chesne. Il s’engrossit et meurit dans terre, d’où l’on le retire en ressortant les branches provignées, sur la fin du mois de Septembre, lors estant parvenu en parfaicte maturité ».

D’un autre côté, Gaspard Bauhin, dans son Prodromus theatri botanici (1620), disait également, d’après la traduction que nous en avons donnée plus haut : « Les Bourguignons ont l’habitude aussi d’étaler les rameaux sur le sol et de les recouvrir de terre dans le but d’augmenter le nombre des tubercules ».

Ainsi, pendant une vingtaine d’années, historiquement parlant, le procédé était resté en usage, d’abord, dans le Vivarais, puis, en Franche-Comté, en Bourgogne. Nous ne trouvons plus de document qui en fasse mention plus tard, et l’on peut dire qu’il a été abandonné, soit que ses résultats n’aient pas été rémunérateurs, en raison du travail particulier qu’il exigeait, soit même qu’il n’ait pas été aussi productif qu’on l’avait estimé à l’origine. Peut-être qu’à cette époque où les tubercules restaient petits, alors que les tiges étaient vigoureuses, y avait-il néanmoins quelque avantage à provigner ces tiges. Mais, depuis lors, que les tubercules ont pris de plus en plus un volume plus considérable, que les tiges ont diminué de grandeur, et qu’il y a lieu de ne pas exiger d’elles d’autre fonction que celle de fournir aux tubercules les matériaux nécessaires à l’augmentation de la fécule, n’y a-t-il plus lieu de se servir de cet ancien procédé. Ce n’est pas, cependant, que certaines variétés au grand rendement ne se signalent quelquefois par une production assez singulière, celle de tubercules aériens, naissant aux aisselles des feuilles sur les tiges. Ce fait a été signalé par plusieurs observateurs, et nous avons été nous-même témoin d’une production semblable de plusieurs de ces tubercules sur des tiges puissantes de la variété Richter’s Imperator. N’y a-t-il pas là une sorte d’indication naturelle de la valeur de cet ancien procédé ?

Il en a été question, en Allemagne, en 1870 et 1871, à propos de ce que l’on appelait la Méthode Gülich pour la plantation et la culture de la Pomme de terre. Cette méthode consistait à planter les tubercules à une grande distance les uns des autres ; puis, quand le pied avait végété fortement et donné plusieurs tiges, à coucher celles-ci en terre, de manière à en faire en quelque sorte autant de marcottes. Un pied de Pomme de terre ainsi traité finissait par