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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/423

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SA CULTURE

Du reste, M. Aimé Girard, dans ses belles Recherches sur la culture de la Pomme de terre industrielle et fourragère (1891), a établi, par des expériences précises, qu’il existait un rapport régulier entre la richesse de la végétation aérienne et l’abondance de la récolte des tubercules. Aussi, peut-il en conclure qu’il ne faut pas arracher trop tôt. « Alors même, dit-il, que tout le feuillage latéral de la plante est fané, s’il reste encore au sommet des tiges un bouquet terminal de quelques feuilles, on peut être certain que la plante travaille encore et que chaque jour, par ce petit bouquet terminal, elle fabrique une certaine quantité de matière organique qui, spécialement destinée aux tubercules, peut, même en une quinzaine, augmenter sensiblement le poids et la richesse. Mais aussitôt que ce bouquet terminal est fané à son tour, le gain devient nul et il convient de procéder à l’arrachage ». Que procure donc, en définitive, le procédé du pincement des tiges ? Rien autre qu’un affaiblissement dans l’accroissement des tubercules, comme l’avait déjà reconnu M. Verrier, en 1851.


VII. — PROCÉDÉ DU PROVIGNAGE DES TIGES DE POMMES DE TERRE


Lors de l’introduction en France de la Pomme de terre, on avait coutume d’employer ce procédé. Olivier de Serres, dans son Théâtre d’Agriculture et Mesnage des champs, publié en 1600, disait à ce sujet : « De chacun cartoufle[1] sort un tige, faisant plusieurs branches, s’eslevans jusqu’à cinq ou six pieds, si elles n’en sont retenues par provigner. Mais pour le bien du fruict[2] l’on provigne le tige avec toutes ses branches, dès qu’elles ont attaint la hauteur d’une couple de pieds ; d’icelles en laissant ressortir à l’aer, quelques doigts, pour là continuer leur ject : et icelui reprovigner, à toutes les fois qu’il s’en rend capable, continuant jusques cela au mois d’Aoust : auquel temps les jettons cessent de croistre en florissant, faisans des fleurs blanches, toutefois de nulle valeur. Le fruict naist quand-et les jettons[3], à la fourcheure des nœuds, ainsi

  1. — Tubercule-semence.
  2. — Tubercule.
  3. — Le tubercule se forme en même temps que s’allongent les tiges.