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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

suivante : lorsque le lait est pris en caillé, et que celui-ci s’est égoutté pendant quelques heures, on épluche des Pommes de terre bien cuites, on les divise le plus possible en les pilant dans une passoire en cuivre, et les forçant à passer au travers des trous, et l’on pétrit la pâte de Pommes de terre, ainsi préparée, avec le caillé ; lorsque le mélange est bien intime, on laisse reposer pendant deux ou trois jours ; alors on pétrit de nouveau toute la masse, et l’on met dans les formes ordinaires la pâte homogène qui en résulte ».

§ 6. Nourriture du bétail. — Parmentier disait à ce sujet, en 1809, en préconisant l’emploi des Pommes de terre pour engraisser le bétail : « Tous les animaux s’accommodent indistinctement de ces racines ; elles peuvent remplacer tous les autres végétaux alimentaires, crues ou cuites[1] selon les ressources locales, en observant toujours la précaution de les diviser dans le premier cas, et d’attendre dans le second qu’elles soient un peu refroidies ; de régler la quantité qu’on en donne sur la force, l’âge et la constitution du sujet ; d’y ajouter du fourrage ou des grains, car l’usage d’une seule et même espèce d’aliment n’aiguillonne pas l’appétit ; les mélanges plaisent à tous les êtres, ils redoutent la fatigante uniformité.

» Un boisseau pesant 15 à 18 livres environ, par jour, indépendamment du foin que l’on jette toujours dans le râtelier, nourrit très bien les bœufs destinés à la boucherie ; il en faut un peu moins pour les vaches, qui alors donnent du lait en abondance ; cette nourriture soutient également les chevaux à la charrue : dès qu’ils en contractent l’habitude, ils frappent du pied aussitôt qu’ils voient arriver le panier qui contient les Pommes de terre ; elle est propre aussi aux moutons à l’engrais, aux boucs, aux chèvres, qui profitent beaucoup, aux cochons et aux oiseaux de basse-cour ; il n’y a pas jusqu’au poisson qui ne trouve un aliment dans la Pomme de terre ; il suffit de la lui jeter en boulettes dans les étangs et les viviers ».

  1. — « M. Deloys, par des expériences directes, s’est assuré que les Pommes de terre cuites nourrissaient mieux les vaches et leur faisaient donner, et plus de lait et de meilleur lait. Un quarteron de ces Pommes de terre remplace 33 livres de regain (Note de Bosc, 1822) ».