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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

placé sous le moulin, ayant la forme d’une pâte liquide, et qui, de blanche qu’elle étoit d’abord, devient d’un brun foncé. À mesure que le baquet se remplit, on met la pâte qu’il contient dans un tamis de crin d’une dimension égale à celle du baquet sur lequel il pose, et l’eau qu’on y verse entraîne avec elle l’amidon qui se dépose à la partie inférieure. Lorsqu’on s’aperçoit à la couleur rougeâtre de la pâte, qu’il ne reste plus d’amidon, on la presse entre les mains. Dans le tamis est la matière fibreuse, que l’on peut employer utilement à la nourriture des bestiaux. Le dépôt étant achevé, on jette l’eau qui le surnage, et on en ajoute de nouvelle tant qu’elle est colorée : on agite le tout au moyen d’une manivelle, jusqu’à ce qu’elle forme un lait : on le transvase ensuite dans un autre baquet au-dessus duquel est un tamis de soie ; et dès que la fécule est déposée on jette l’eau : on en ajoute deux ou trois pintes environ pour enlever la crasse qui salit la superficie, ce qu’on nomme dégraisser. On agite de nouveau, on remplit le baquet deux ou trois fois d’eau ; c’est alors que l’amidon est blanc et pur. Puis on enlève le précipité bien lavé, on le divise par morceaux que l’on distribue sur des tablettes à claire-voie garnies de papier : quand il est un peu ressué à l’air, on le porte à l’étuve. À mesure qu’il se sèche, il perd le gris sale qu’il avoit au sortir de l’eau pour prendre l’état sec, blanc et brillant. Passé ensuite à travers un tamis de soie, il acquiert une ténuité comparable au plus bel amidon ».

Ce mode d’extraction était assez simple. On conçoit qu’avec le temps et les nécessités de plus grandes opérations, les arts techniques ont singulièrement amélioré ce procédé primitif, et nos féculeries actuelles ne laissent plus rien à désirer sous ce rapport Mais en somme, le principe est le même, et c’est ici tout ce qu’il nous est nécessaire de connaître.

§ 8. Fabrication du sirop de fécule. — « La conversion de la fécule en sucre, disaient Payen et Chevallier, indiquée d’abord par Kirchoff, est restée longtemps un procédé de laboratoire… Cependant l’utilité du sirop de Pommes de terre est suffisamment établie dans d’autres applications, pour que l’on doive regarder cette nouvelle branche d’industrie comme très importante, l’une de celles auxquelles la Pomme de terre doit sa plus grande consommation ».