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III
PRÉFACE

faits. Deux introductions, différentes, au xvie siècle, ont eu lieu en Europe, du précieux tubercule. Les intermédiaires qui l’ont apporté de l’Amérique sont pour ainsi dire demeurés inconnus ; d’autres, par les mains desquels il a passé, n’ont par eux-mêmes rien fait pour contribuer à sa propagation. Nous ne pouvons que mentionner en passant l’utile service qu’ils ont rendu sans se douter de son importance. Mais combien la reconnaissance des peuples ne doit-elle pas se manifester pour ceux qui l’ont, les premiers, cultivé, apprécié et propagé ! Sans doute, ils ne l’ont pas fait de façon à laisser croire qu’ils prévoyaient déjà les grands avantages que devait procurer plus tard la Pomme de terre. Ils n’y pouvaient guère songer, en effet, et il n’est pas surprenant qu’ils se soient contentés d’appeler l’attention sur elle et de la faire connaître. Mais il n’est pas moins vrai que c’est grâce à eux que l’Europe l’a réellement possédée et qu’on ne pourrait sans injustice leur reprocher de ne pas avoir conseillé à leurs contemporains d’en tirer immédiatement le meilleur parti possible. Le progrès dans les idées ne s’est jamais fait qu’avec lenteur et l’on peut dire que s’il est des coutumes difficiles à modifier, ce sont justement celles qui régissent notre alimentation.

Deux botanistes, dont l’un, plus célèbre à juste titre que l’autre, ont étudié et décrit la Pomme de terre, lors de son introduction en Europe : ils sont cependant très peu connus, surtout en France. On sait néanmoins assez généralement en Angleterre que John Gerarde a été, le premier, à la cultiver, près de Londres, vers la fin du xvie siècle. Mais se doute-t-on seulement, sur le Continent européen, que c’est à un savant français, Charles de l’Escluse d’Arras, qu’elle a dû de pouvoir à la même époque se propager en Autriche, en Allemagne, en Suisse,