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44 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

tubercules de Valparaiso, plantés à Londres, ont donné la vraie Pomme de terre, ce qui saute aux yeux en voyant la planche coloriée de Sabine dans les Transactions de la Société d’horticulture. On continua quelque temps à cultiver cette plante, et Lindley certifia de nouveau, en 1847, son identité avec la Pomme de terre commune. Les Pommes de terre décrites avaient des fleurs blanches, comme cela se voit dans quelques variétés cultivées en Europe. On peut présumer que c’est la couleur primitive pour l’espèce, ou au moins, une des plus fréquentes à l’état spontané.

» Darwin, dans son voyage à bord du Beagle, trouva la Pomme de terre sauvage dans l’archipel Chonos, du Chili méridional, sur les sables du bord de la mer, en grande abondance, et végétant avec une vigueur singulière, qu’on peut attribuer à l’humidité du climat. Les plus grands individus avaient quatre pieds de hauteur. Les tubercules étaient petits, quoique l’un d’eux eût deux pouces de diamètre. Ils étaient aqueux, insipides, mais sans mauvais goût après la cuisson. « La plante est indubitablement spontanée », dit l’auteur, et l’identité spécifique a été confirmée par Henslow d’abord et ensuite par Sir Joseph Hooker, dans son Flora antarctica.

» Un échantillon de notre herbier recueilli par Claude Gay, attribué au S. tuberosum par Dunal, porte sur l’étiquette : « Au centre des Cordillières de Talcarégué et de Cauquenès, dans les endroits que visitent seulement les botanistes et les géologues ». Le même auteur Cl. Gay, dans son Flora Chilena, insiste sur la fréquence de la Pomme de terre sauvage au Chili, jusque chez les Araucaniens, dans les montagnes de Malvarco, où, dit-il, les soldats de Pincheira allaient les chercher pour se nourrir. Ces témoignages constatent assez l’indigénat au Chili pour que j’en omette d’autres moins probants, par exemple ceux de Molina et de Meyen, dont les échantillons du Chili n’ont pas été examinés.

» Le climat des côtes du Chili se prolonge sur les hauteurs en suivant la chaîne des Andes, et la culture de la Pomme de terre est ancienne dans les régions tempérées du Pérou, mais la qualité spontanée de l’espèce y est beaucoup moins démontrée qu’au Chili. Pavon prétendait l’avoir trouvée sur la côte, à Chancay et près de Lima. Ces localités paraissent bien chaudes pour une espèce qui demande un climat tempéré ou même un peu froid. D’ailleurs l’échantillon de l’herbier de M. Boissier recueilli par Pavon, appar-