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Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/61

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TYPE SAUVAGE DE LA POMME DE TERRE 47

Solanum Ohrondii, jugeant très bien que tout en ayant des affinités avec le S. tuberosum, elle en différait par des caractères assez nets pour constituer une espèce particulière.

Des observations qu’avait faites M. Carrière, il résultait aussi que sa végétation était presque continue, « C’est au point, dit-il, que l’on pourrait faire deux récoltes là où le climat est chaud[1], et même, dans ces conditions ce serait presque une récolte permanente. Ainsi, à Montreuil, nous en avons planté en Avril qui étaient mûres en Juin et replanté une deuxième saison en Septembre, qui fleurirent environ cinq semaines après la plantation. Elle présente aussi dans sa végétation cette particularité que les drageons (tiges souterraines) qui donnent des bourgeons, fleurissent presque aussitôt qu’ils sont sortis du sol. C’est aussi
Fig. 13 et 14. — Solanum Ohrondii de Carrière.
Une sommité fleurie avec deux tubercules (1/2 grandeur naturelle)
ce qui est arrivé pour celles que nous avons plantées en deuxième saison… Quant à la qualité, nos expériences s’accordent avec celles de M. Blanchard. Ainsi, nous avons fait cuire les tubercules dans l’eau, dans le feu ou sur un fourneau dans de la cendre, et toujours ils se sont montrés d’assez bonne qualité. La chair est d’une extrême densité : quelle que soit la cuisson, elle est si ferme qu’on peut la couper comme on le ferait d’un morceau de terre glaise.

M. Blanchard, dans ses cultures de la Pomme de terre Ohrond, n’en avait obtenu que des tubercules pesant en moyenne 15 à 18 grammes ; quelques autres pesaient de 70 à 72 grammes, un seul avait présenté un poids de 85 grammes. Nous pouvons dire tout de suite ici que les essais de culture qui ont été faits depuis lors de ce nouveau Solanum n’ont pas donné les résultats qu’on en avait tout d’abord espérés. La plante s’est toujours montrée stolonifère

  1. — L’influence d’un climat chaud peut, en effet, se faire sentir sensiblement sur le S. Ohrondii, M. Heckel a obtenu, au jardin botanique de Marseille, de tubercules de ce Solanum, plantés en juillet 1896, des tiges florifères qui, dans le mois de novembre suivant, lui ont donné des baies vertes, allongées, presque cylindriques, remplies de graines. L’obtention de ce fruit, jusqu’alors inconnu, fait très bien augurer de cette culture méridionale.