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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

celles-ci d’après une description, et même un échantillon d’herbier ; il faut pour cela cultiver les plantes afin d’en bien suivre les caractères de végétation. »

Nous trouvons cette remarque très judicieuse. Nous avons nous-même cultivé le S. Ohrondii et nous pouvons dire qu’il ne rappelle en aucune façon le célèbre S. Commersonii, figuré par Lindley, et dont l’échantillon original de Commerson est conservé dans les collections de notre Muséum d’histoire naturelle.

Voici, du reste, quelques détails sur ce S. Commersonii qui se trouvent relatés dans une lettre de Bonpland à M. François Delessert, datée de La Restauracion (Paraguay) le 2 octobre 1854, et qui a été publiée dans le Bulletin de la Société botanique de France, t. III, p. 162.

« Cette nouvelle espèce, dit Bonpland, se trouve à Montevideo, à Buenos-Ayres, à Martin-Garcia, dans toutes les Missions jésuitiques, sur la Sierra et sur les bords de l’Uruguay, depuis les Missions jusqu’à Belem, le Salto et La Concordia. Tant au Paraguay que dans les Missions et à Santa-Anna, j’ai cultivé ce Solanum dans l’espoir d’utiliser les tubercules, et n’ai rien pu obtenir. Les tubercules du Solanum Commersonii sont de couleur verdâtre, de la grosseur d’un très gros Pois, et offrent constamment un goût âpre qui répugne. À Santa-Anna, les oiseaux mangent les tubercules du Solanum tuberosum, notre Pomme de terre, mais ils respectent ceux du S. Commersonii. »

Quoi qu’il en soit, en 1886, M. Baker publiait un nouveau Mémoire sur les Formes sauvages des Solanum tubéreux[1] dans lequel il n’admet plus que cinq espèces distinctes, en considérant alors le S. Maglia comme une simple forme du S. tuberosum. Ce dernier n’est plus pour lui qu’une sorte de type idéal qu’il appelle S. eutuberosum, auquel se rattachent comme simples formes ou sous-espèces seize types secondaires, que les phytographes avaient cependant nettement caractérisés comme espèces. Nous ne pensons pas que cette manière de voir simplifie en quoi que ce soit la question. En effets ces seize formes elles-mêmes ne manifestant aucune tendance à reproduire le type général, c’est à ce type seul qu’il

  1. On the wild forms of tuberous Solanum (Gardeners’ Chronicle, t. XXVI).